Si la vache boite, sa reproduction aussi

REFERENCE : Tsousis G. et al. The negative impact of lameness on dairy cow reproduction. Reprod Dom Anim. 2022;57(Suppl. 4):33–39.

Diverses études ont confirmé la prévalence élevée des boiteries en stabulation libre (21 à 55 %). Il est intéressant de noter au passage que les éleveurs sous-estiment cette prévalence (4,7 à 19,1 % selon le degré de la boiterie) par rapport à des experts (15,1 à 25,9 %) (Hugginson et al. 2017).  Les effets des boiteries s’exercent selon trois axes: elles induisent des modifications comportementales, constituent un facteur de stress permanent et altèrent la réaction inflammatoire.

C’est un fait, une vache boiteuse passe moins de temps à s’alimenter et à ruminer. Cette conséquence entraîne en période de transition un risque accru de Bilan Energétique Négatif. A l’inverse, un BEN s‘accompagne d’un amincissement du coussinet plantaire ce qui contribue à exposer davantage le pied à des lésions et donc aux boiteries.

Les boiteries s’accompagnent d’une réduction des manifestations de monte et de la durée de l’œstrus.

Qui dit boiterie, dit stress et donc synthèse accrue de cortisol. Il s’en suit une réduction de la synthèse de GnRH, de LH, de la progestérone et des oestrogènes à l’origine d’une augmentation du risque d’anoestrus et d’une fertilité moindre.

Les boiteries les plus graves induisent également une augmentation de la réponse inflammatoire comme celle de l’haptoglobine et des cytokines (interferon, interleukines), marqueurs connus pour altérer la fertilité. S’expliquerait ainsi l’effet favorable des traitements au moyen d’AINSI.

Une boiterie chronique durant la période sèche augmente le risque de métrite du postpartum. Diagnostiquée après le vêlage, elle augmente le risque d’anoestrus pathologique fonctionnel,  kystique et interfère avec une détection optimale de l’oestrus. Elle constitue donc directement et indirectement  un facteur d’infertilité et donc d’infécondité.

RECOMMANDATIONS

  • Scorer, scorer plus que jamais la locomotion des vaches.
  • Sensibiliser les éleveurs à cet important problème.
  • Veiller à l’alimentation (acidose et BEN).
  • Parer préventivement.