Les traitements hormonaux sont-ils une solution pour améliorer les performances de reproduction d'un troupeau ?
REFERENCE : Wicaksono A et al. Hormone use for reproductive diseases and heat induction in relation to herd-level reproductive performance in Dutch dairy farms Preventive Veterinary Medicine 211 (2023) 105832. https://doi.org/10.1016/j.prevetmed.2022.105832
Les indications thérapeutiques de la PGF2α, GnRH et progestérone (P4) sont connues. Qui ne les a pas utilisées seules ou en association pour traiter des kystes ovariens, des infections utérines, de l’infertilité ou des anoestrus ou encore pour synchroniser des chaleurs ? Dans la majorité des cas, leurs effets ont été analysés au niveau individuel et force est de reconnaître qu’ils n’ont pas toujours été à la hauteur des espérances attendues. Le non respect de leurs conditions d’utilisation voire le manque de qualité du diagnostic pourrait en être les raisons. Pourtant, leur utilisation a un coût. Par ailleurs, les effets de leur utilisation sur des vaches à problèmes pourrait être atténué au niveau du troupeau par les performances de celles qui n’en ont pas.
Les effets thérapeutiques des différentes hormones de la reproduction ont bien davantage été étudiés que ceux sur les performances au niveau du troupeau. C’est l’intérêt de cette publication.
CONTEXTE
L’étude concerne 560 fermes laitières des Pays-Bas (plus de 30 vaches par exploitation, mois de 500 jours d’intervalle entre vêlages, moins de 200 jours de période d’attente et moins de 6 inséminations poar gestation) et les traitements (n = 1679) réalisés par 5 cliniques vétérinaires durant 3 ans (2017 à 2019).
LEURS OBSERVATIONS
Caractéristiques générales des exploitations (valeurs moyennes sur 3 ans)
- Le nombre moyen de vaches par exploitation est de 120 ± 2 et leur production moyenne de 9124 ± 26.4 kg
- 92 % des exploitations utilisent des hormones (8 % n’en utilisent pas)
- 24,3 % des exploitations disposent d’un robot de traite.
- Les inséminations sont effectuées par un inséminateur, l’éleveur ou les deux dans respectivement 45,5, 33,4 et 21,1 % des exploitations.
- L’intervalle entre vêlages et la période d’attente sont en moyenne de 0 ± 0.6 et de 93.3 ± 0.5.
- Le nombre moyen de traitements par 100 vaches a augmenté de 5,4 unités en 3 ans pour l’ensemble des troupeaux et de 5,7 unités dans les seuls troupeaux utilisateurs.
L’examen de la figure permet de constater qu’au sein des 92 % d’exploitations utilisant des hormones, le nombre moyen de traitements hormonaux pour 100 vaches et par an a été de 47, celui de la PGF2α de 26, de la GnRH de 15 et de la progestérone de 2. Mais quels ont été les effets de ces traitements hormonaux sur les performances de reproduction ?
Comparée à une abscence d’utilisation de traitements hormonaux, le recours à ces traitements se sont accompagnés d’une réduction de l’intervalle entre vêlages (IV) et de l‘intervalle entre le vêlage et la 1ère IA (Voir la figure).
Plus spécifiquement, une utilisation intensive, moyenne et faible de la PGF2α se traduit par une réduction de l’IV et de l’intervalle V-1ère IA respectivement de 5 et 10,3 jours, 5,3 et 7,2 jours et de 5 et 5,2 jours. Une utilisation intensive de la PGF2α augmente de 0,2 unité le nombre d’inséminations par gestation.
De même, une utilisation intensive et moyenne de la GnRH se traduit par une réduction de l’IV respectivement de 5,2 et 6,9 jours et de 5,3 et 7,2 jours. Une utilisation intensive et moyenne de la GnRH se traduit par une réduction de l’intervalle netre le vêlage et la 1ère IA de respectievement 6,9 et 4,2 jours. Une utilisation intensive de la GnRH augmente de 0,1 unité le nombre d’inséminations par gestation. Les différences observées sont significatives.
Le niveau de production laitière, le type de traite (robot ou non), le responsable de l’insémination n’ont pratiquement pas d’effet. On observe cependant des différences entre les 5 cliniques vétérinaires concernées par l’étude.
Parlons-en.
On peut regretter l’absence d’informations relatives aux justifications des traitements. Dans l’absolu, on peut en effet s’attendre à ce que leur nombre augmente avec la prévalence des pathologies même si leur utilisation peut se concevoir dans un contexte zootechnique de gestion de la reproduction (politique de synchronisation des inséminations). Il est possible également que des vaches aient pu recevoir plusieurs traitements.
Les effets sur l’intervalle entre le vêlage et la 1ère insémination apparaissent supérieurs à ceux observés sur l’intervalle entre vêlages. Les animaux concernés ne sont pas les mêmes puisqu’une vache inséminée est malgré tout susceptible d’être réformée.
On constate que les traitements à base de progestérone ont le moins d’effet, il est vrai que leur condition d’utilisation implique d’y associer le plus souvent une PGF2α et une GnRH.
Le recours à des traitements hormonaux ne constitue qu’un pis aller. Il implique qu’au préalable soient respectées les conditions pratiques d’une bonne gestion de la reproduction à savoir et notamment la notation des données, la détection de l’oestrus, la gestion de l’alimentation et de la biosécurité sanitaire et … la qualité des diagnostics.
La systématisation des traitements hormonaux ne doit pas être recommandée. Leur utiisation implique à minima un examen clinique voire la prise en considération de leur rapport qualité-prix.

