β CAROTENE ET VITAMINE E : ON PEUT MIEUX FAIRE
REFERENCE : Mary AEP et al. Vitamin E and beta-carotene status of dairy cows: a survey of plasma levels and supplementation practices. Animal 2021, 15. https://doi.org/10.1016/j.animal.2021.100303
Je ne vous apprendrai sans doute rien en écrivant (1) que l’herbe renferme bien plus de betacarotène (le précurseur de la vitamine A) et de vitamine E que les ensilages ou le foin, (2) que la vache laitière en période de transition est confrontée à diverses situations de stress oxydatifs et (3) que betacarotène et vitamine E sont des éléments clés de prévention des mammites et de l’infertilité. Ainsi une concentration plasmatique en vitamine E < 3 mg/l au vêlage multiplie par 9,4 le risque de mammites au cours de la semaine suivant le vêlage.Un apport de 1 g de vitamine E par jour en période de tarissement réduit l’intervalle entre le vêlage et les premières chaleurs et améliore les performances de reproduction. De même un apport de 2 g de betacarotène par jour durant le mois suivant le vêlage ou une concentration plasmatique > 3.5 mg/l favorisent la fonction ovarienne.
Des recommandations ont été formulées (NRC National Research Coucil, Calsamiglia et Rodriguez 2012).
- Vitamine E : apport de 80 mg et de 20 mg /J /kg de MS respectivement chez les vaches taries et en lactation cad un apport journalier respectivement de 1000 à 1400 mg et de 400 à 500 mg.
- Betacarotène : apport journalier de 500 à 1000 mg aux vaches taries et de 300 à 500 mg aux vaches en lactation.
L’étude dresse un état des lieux des apports et concentrations plasmatiques de vaches (n=2467) /exploitations laitières (n= 127 ; > 70 vaches, > 8500 kg de lait ar an) situées en Allemagne, Belgique, Espagne et Pays-Bas et d’en analyser les facteurs d’influence durant le tarissement et la lactation.
LEURS OBSERVATIONS
- Les concentrations plasmatiques en Vit E et β carotène sont significativement différentes selon le stade de lactation (Voir tableau). Elles sont significativement plus basses au cours de la période peripartum (15 jours avant et 15 jours après le vêlage). Il faut y voir la conséquence du stress oxydatif induit par un bilan énergétique négatif qui s’accompagne d’une mobilisation plus importante de substances anti-oxydantes (Vit E et β carotène). Cette réduction de concentration explique le risque accru de rétention et d’infections mais également les altérations de la fonction ovarienne. L’augmentation des concentrations au-delà des 15 premiers jours du postpartum, reflète celle de l’ingestion alimentaire.
- Sur base d’un seuil plasmatique minimal de 3 mg/L en vitamine E et de 3,5 mg/L en β carotène, il apparaît que respectivement 75 % et 44 % des vaches sont carencées. Cette carence est significativement différente selon les stades de lactation (Voir Tableau).
- Le délai de récupération d’une concentration minimale en vit E et en β carotène est en moyenne respectivement de 100 et 20 jours. Ces délais différents s’expliquent par des stratégies alimentaires différentes (pâturages, RTM…). En tarissement la concentration minimale en vitamine E devrait être de 5,4 mg/l pour éviter des carences durant la lactation.
- Les concentrations plasmatiques en vitamine E et betacarotène ont été significativement différentes selon les pays et les années (2018 et 2019). Elles reflètent des disponibilités et des stratégies alimentaires différentes bien que les 127 exploitations concernées avaient une production laitière > 8500 kg. Le cas échéant, les complémentions en vitamine E ont été en moyenne de 799 et 760 mg/vache/jour en 2018 et 2019 et celles en β carotène de 62 et 136 mg/vache/jour. De manière plus spécifique, en Belgique, en 2018 10 % des vaches ont été supplémentées avec 173 mg/vache/jour de β carotène. En 2019, 17 % l’ont été avec 648 mg. Par ailleurs, il est vraisemblable que les températures plus élevées observées en Espagne ont contribué à renforcer le stress oxydatif surtout en l’absence de complémentation.
- Une dernière pour la route : Respectivement 74 % et 96 % des vaches complémentées en vitamine E et en β carotène ne recoivent pas les apports minimaux recommandés à savoir 1000 mg et 300 mg/vache/jour.
A RETENIR
Selon une enquête menée dans 4 pays européens dont la Belgique, une vache sur 2 et trois vaches sur 4 sont respectivement carencées en β carotène et en vitamine E. Ces carences dépendent du stade de lactation et du pays. Contrôlez leurs apports.


