100 jours de plus en moyenne pour obtenir une gestation en cas d'infertilité.

REFERENCE :  Perez-Martin CC, QuIntela LA. Current Insights in the Repeat Breeder Cow Syndrome. . Animals 2023, 13, 2187. https://doi.org/10.3390/ani13132187  .

Le syndrome repeat-breeding (infertilité) définit l’état d’une vache (ou d’une génisse) non gestante après deux inséminations alors qu’elle présente des cycles réguliers compris entre 17 et 25 jours et ne témoigne d’aucune pathologie ou anomalie anatomique susceptible d’en être à l’origine. Sa prévalence est selon les études comprise entre 6 et 36 %.

Cette revue de la littérature (72 publications de ces 20 dernières années) dresse un état des lieux des connaissances relatives à ce syndrome.

ENDOMETRITE SUBCLINIQUE

L’endométrite subclinique (ESC) se définit par la présence intrautérine d’un % de polymorphonucléaires (PMN) supérieur à 5 % chez la vache et 1 % chez la génisse. Son implication dans le repeat-breeding a ou non été identifié. Ainsi, la présence de PMN au cours de la semaine suivant l’insémination a été considérée comme normale.  Inversément, elle altère le développement des embryons obtenus après une superovulation. La probabilité d’implantation de l’embryon dépend d’un état d’équilibre entre les cytokines aux effets pro et antiinflammatoires. Les cytokines proinflammatoires ont la capacité d’induire l’activité des mucines endométriales qui normalement doivent disparaître avant l’implantation de l’embryon vers le 15ème jour de gestation sous l’influence de la progestérone. Les macrophages présents dans l’endomètre pourraient également être impliqués dans le syndrome de repeat-breeding. Le synchronisme entre l’embryon et l’utérus implique divers facteurs de croissance dont l’epidermal growth factors (EGF).  Le traitement intravaginal au moyen d’osteopontine serait de nature à favoriser la synthèse de cet EGF et à réduire le risque de repeat-breeding.

OMICS

Pour rappel, les OMICS (Omiques) font référence aux méthodes d’étude des cellules et composants nécessaires aux diverses fonctions d’un corps humain ou animal. La génomique est consacrée aux techniques d’étude du génome entier. La transcriptomique désigne les techniques d’analyse d’ARNm et du niveau d’expression des gènes dans un tissu. La protéomique étudie la composition des protéines dans un tissu et la métabolomique étudie les produits métaboliques. La microbiomique s’intéresse à l’analyse des microorganismes qui colonisent le corps humain ou animal.

Diverses études relativent au microbiome vaginal et utérin ont confirmé que son altération pouvait être à l’origine du repeat-breeding. Les études métabolomiques ont identifié pas moins de 17 métabolites spécifiques aux repeat-breeders. La génomique a permis de constater que certains gènes impliqués dans la maturation de l’ovocyte ou le développement de l’embryon sont moins ou plus exprimés chez les repeat-breeders. La protéomique a permis de confirmer que le liquide folliculaire et donc l’environnement de l’ovocyte présentait des différences chez les animaux infertiles. Ainsi, en est-il des lipolysaccharides qui accompagnent des inflammations telles que les endométrites ou les mammites. Au total, c’est pas moins de 8 protéines dont les concentrations intrafolliculaires seraient différentes chez les animaux fertiles et infertiles.

ANOMALIES ANATOMIQUES

Les infections utérines peuvent être responsables de sténoses ou d’occlusions tubaires uni (24 % des cas) ou bilatérales (20 % des cas), susceptibles de modifier la migration des spermatozoïdes et/ou de l’embryon. Les cervicites peuvent également se manifester en l’absence d’endométrites. Une mauvaise conformation vulvaire peut prédisposer au pneumovagin et aux infections vaginales et utérines.

NUTRITION

Nombreuses sont les études qui ont démontré l’impact négatif exercé par diverses carences qualitatives et/ou quantitatives d’origine nutritionnelle. A titre d’exemples on peut citer les antioxydants, un bilan énergétique négatif, les vitamines A et E. Force est de constater cependant l’absence de biomarqueurs spécifiques à ce syndrome.

HORMONES

La progestérone constitue un élément clé de l’obtention d’une gestation. Son excès en œstrus ou l’insuffiance de sa concentration en metoestrus consituent des facteurs de risque accru d’anovulations (kystes ovariens), d’altération de la maturation ovocytaire ou de mortalités embryonnaires très précoces. Le repeat-breeding s’accompagne de concentrations plus élevées en oestradiol lors de l’œstrus et de concentrations moindres en AMH (Anti Mullerian Hormone).

STRATEGIES THERAPEUTIQUES

Le pronostic reproducteur d’un animal infertile est relativement mauvais. En l’absence de gestation au bout de trois inséminations, la probabilité de l’obtenir au bout de 210, 300 et 435 jours du postpartum est respectivement de 31.4, 50.0, et 58.1%.  Les intervalles moyens entre le vêlage et la gestation étant de 114 jours chez des animaux fertiles et de 211 jours chez des animaux infertiles (Yusuf et al. 2010).

La publication de Perez-Martin et QuIntela fait état de divers traitements combinant ou non GnRH, progestérone, PGF, hCG ou encore recourant à des injections intrautérnes d’antibiotiques, intravaginales d’ostéopontine ou IM d’insuline. Selon les cas, des améliorations significatives ou non ont été observées. Le cas échéant, elles sont relativement peu importantes et ne donnent pas à penser que ces traitements puissent constituer une solution au problème. Le recours au transfert d’embryons dits thérapeutiques pourrait constituer une alternative en période de stress thermique. L’effet de la scopolamine, un parasympaticolytique, mériterait peut-être des investigations complémentaires (Rizzo et al. 2023).