Chez la vache aussi, la photopériode pourrait avoir un effet
Référence : Lopez-Gatius F. Negative photoperiod induces an increase in the number of ovulations in dairy cattle. Journal of Reproduction and Development, 2024.
Les études qui démontrent l’influence possible du photopériodisme à savoir de la durée du jour et de la nuit sur la reproduction des bovins sont peu nombreuses. C’est ce qui fait l’intérêt de cette publication récente qui s’est intéressée aux effets du photopériodisme sur les ovulations multiples et la gémellité.
MATERIEL ET METHODES
L’étude concerne 5,373 vaches laitières (12.720 kg/an), saines, de plus de deux lactations gestantes inséminées (n=15,732) sur chaleurs naturelles 108 ± 42 jours (PA : période d’attente) après le vêlage durant 5 années (2014 à 2019).
Un examen échographique a été réalisé 28 à 34 jours après l’insémination pour établir un constat de gestation et le cas échéant une gémellité mais également déterminer le nombre d’ovulations sur base du nombre de corps jaunes dont le constat a été établi sur base de la mesure moyenne (≥ 15 mm) de ses deux plus grands diamètres, indépendemment de la présence d’une cavité.
Les photopériodes positives et négatives ont été comprises respectivement entre le 22 décembre et le 21 juin et entre le 22 juin et le 21 décembre. De même un index de stress thermique (THI >72) a été observée durant 143 jours au cours des mois de juin à août pour les 5 années de l’étude.
Les effets de la photopériode, du stress thermique, du numéro de lactation et du stade du postpartum lors de l’insémination sur le risque d’ovulations multiples et de gémellité ont été analysées par régression logistique.
LEURS OBSERVATIONS
Le % de gestation total a été de 34,9 %. Il fut significativement plus élevé en l’absence (37,4 %) qu’en présence (30,4 %) d’un stress thermique. Ce % n’a pas été significativement différent entre les photopériodes positives (33,8 %) et négative (34,4 %).
Dans respectivement 49,9 %, 48,2 %, 1,9 % et 0,03 % des cas, les vaches avaient un seul, 2, 3 et plus de 3 corps jaunes. En cas de multiples corps jaunes, ces corps jaunes étaient plus souvent localisés sur le même ovaire (54,9 %) que sur des ovaires différents (45,1 %).
Une gestation simple a été observée dans 76 % des cas. 32,7 % de ces gestations s’accompagnaient de la présence de plus d’un corps jaune. Une gestation gémellaire a été constatée dans 26 % des cas, la prévalence de jumeaux, triplés et quadruplés a été respectivement de 98,8 % ; 1,1 % et 0,07 %.
Le % d’ovulations multiples a été significativement plus élevé lorsque la PA était supérieure qu’inférieure à 90 jours (72,9 vs 25,4 % : OR 4,3) et quand cette IA a été réalisée en photopériode négative que positive (54,7 vs 45 % ; OR : 1,4). Cette augmentation est plus spécifiquement observée lors de la transition d’une photopériode positive à négative. A l’inverse, une diminution est constatée lors de la transition d’une photopériode négative à positive. La différence de prévalence des ovulations multiples unilatérales vs bilatérales est plus élevée en période chaude (58.5–41.5%, 17%) que froide (52.4–47.6%, 4.8%).
Le % de gestations gémellaires a de même été plus élevé lorsque la PA était supérieure qu’inférieure à 90 jours (38,8 vs 12,1 % : OR 4,1) et quand cette IA a été réalisée en photopériode négative que positive (27,9 vs 23,8 % ; OR : 1,3).
PARLONS-EN
Cette étude démontre l’impact de la photopériode sur la croissance folliculaire. La mélatonine serait l’hormone clé de cet effet. Sa synthèse est inversément proportionnelle à la durée du jour. Chez les espèces dont la reproduction est saisonnière, ses effets sur la synthèse de de la GnRH ont été démontrés.
Les croissances folliculaires multiples ne sont pas une fatalité. Au contraire, la présence de plusieurs follicules augmente les chances d’ovulation et de gestation subséquente. L’effet du stade du postpartum mériterait des investigations complémentaires. D’autant qu’il a été démontré que l’ovulation apparaîtrait plus précocément en été qu’au cours des autres saisons.

