La cétose subclinique: plus fréquente que vous ne le pensiez.

La cétose subclinique se définit par une augmentation de la concentration des corps cétoniques tels que l’acetoacétate, le betahudroxybutyrate (BHB) ou l’acétone sans que les signes cliniques ne se manifestent. Elle est associée à un bilan énergétique négatif. Clinique ou subclinique elle constitue un facteur de risque d’infections utérines, de déplacement de la caillette, de kystes ovariens, de diminution de la production laitière, d’infertilité et de réforme. Les corps cétoniques s’évaluent dans le lait, l’urine et le sang. Le dosage du BHB dans le sang (sérum ou plasma) en est le gold standard, le dosage dans le lait ou l’urine au moyen de bandelettes ayant une faible sensibilité (Faruk et al. 2020 Vet.Med. 65, 199-206).

La cétose subclinique se traduit par une concentration sanguine en BHB comprise entre 0,3 et 2,9 mmol/L. Elle est clinique si la concentration est ≥ 3 mmol/L.

Les auteurs (Selon Loiklung C. et al. Global prevalence of subclinical ketosis in dairy cows: A systematic review and meta-analysis. Research in Veterinary Science 144,2022,66-76) ont procédé à une metaanalyse de 38 études réalisées dans 31 pays des 5 continents sur 805.722 vaches se trouvant entre le 5ème et le 90ème jour de lactation. Le dosage du BHB a été réalisé dans le lait ou le sang et les résultats classés selon 4 valeurs seuils de concentration : à savoir dans le lait ≥0.1 mmol/L) et dans le sang ≥1.0 mmol/L, ≥1.2 mmol/L, and ≥1.4 mmol/L.

La synthèse et les résultats individuels sont présentés dans les deux figures associées.

La prévalence générale de la cétose subclinique a été de 21,5 %.

Les analyses de différents facteurs ont été étudiées à savoir :

Continent : La prévalence n’a pas été significativement différente selon les continents. Cette prévalence a été en moyenne de 20.0% (95% CI 16.6–23.7%) pour 13 études européennes et de 24.8% (95% CI 22.0–27.7%) pour 13 études Nord-Américaines.

Méthode : Aucune différence significative de la prévalence n’a été observée en fonction des méthodes automatiques ou non (bandelettes) d’évaluation de la concentration en BHB.

Valeur seuil : aucune différence significative de la prévalence n’a été observée entre les valeurs seuils considérées. Dans le sang, au seuil de ≥1.0 mmol/L, les sensibilités et spécificités sont respectivement de 91 et 75 % (Wenz et al. 2016). Au seuil de 1.2 mmol/L , la sensibilité et spécificité seraient comprises respectivement entre 31% et 68% et entre 75% et 82%) (McArt et al. 2013). Au seuil de ≥1.4 mmol/L, les sensibilité et spécificités seraient respectivement de 86 e85 % (Borchardt and Staufenbiel 2012). Dans le lait, des seuils de 0.1 et 0.2 mmol/L offrent une spécificité relativement élevée (96 %) (Carrier et al., 2004; Enjalbert et al., 2001).

Prélèvement : Les prévalences établies sur le sang (24.7% : 95% CI 10.6–47.5%) ne se sont pas révélées significativement différentes de celles réalisés sur le lait (23.0% : 95% CI 20.0–26.5%). La prévalence plus élevée observée dans le sang résulterait du fait que la concentration en BHB du sang est environ 10 fois plus élevée que celle du lait, le BHB étant utilisé par la glande mammaire pour la synthèse des acides gras (Enjalbert et al., 2001; Jezek et al., 2017).  Sensibilité et spécificcité du test dans le lait sont meilleures au seuil de 0,1 mmol/L  qu’au seuil de 0,2 mmol (Tatone et al. 2016).

Parité : Les prévalences n’ont pas été significativement différentes entre les primipares (17.5% : 95% CI 15.1–22.5%) et les vaches en 3ème lactation (23.6% : 95% CI 20.0–26.5%). En général cependant, les auteurs s’accordent à dire que les multipares sont plus exposées que les primipares.

Année : aucune différence entre année (1975 à 2015) n’a été constatée.

Stade de lactation : il n’influence pas significativement la prévalence de la cétose subclinique. Les études multiples réalisées sur l’influence de ce paramètre ne sont pas concordantes.

Pays : de larges différences ont été observées entre les pays, reflet de conditions d’élevage, de production laitière et de nutrition différentes.

Race : la prévalence a été significativement moins élevée chez les vaches de race Holstein (19.8% : 95% CI 17.5–22.3%) que chez les autres races (23.7% : 95% CI 21.1–26.5%).

Stabulation : la prévalence a été significativement plus élevée dans les élevages hors-sol (27.8% : 95% CI 22.5–33.8%] que chez ceux utilisant le pâturage (24.6% 95% CI 18.7–31.5%). Qualité des fibres  et saison sont les facteurs explicatifs de cette différence.