La PGF2a a un effet lutéolytique et ovulatoire, oui mais ...
REFERENCE : Lopez-Gatius F. Ovarian response to prostaglandin F2α in lactating dairy cows: A clinical update. Journal of Reproduction and Development, Vol. 68, No 2, 2022. DOI: 1262/jrd.2021-119
La PGF2α (naturelle ou de synthèse) a trois effets à savoir (1) un effet lutéolytique, (2) un effet ocytocique (elle favorise les contractions utérines et donc par exemple la remontée des spermatozoïdes après une insémination) et (3) un effet de stimulation de la libération de la LH (Oxender et al. 1974, Goldberg et Ranwell 1975, Niswender et al. 2000, Hawk 1983, Randel et al. 1996).
Ces effets peuvent être mis à profit dans trois contextes.
- Effet lutéolytique et induction/synchronisation de l’œstrus
C’est l’effet qui a été le plus mis à profit en reproduction bovine. Il implique la présence d’un corps jaune pleinement développé. L’injection d’une PGF2α se trouve donc indiquée pour induire/synchroniser l’œstrus, traiter un kyste folliculaire lutéinisé, traiter indirectement une endométrite clinique, induire une mortalité embryonnaire, un avortement ou un vêlage. Les doses sont respectivement de 25 mg pour le dinoprost, 500 µg pour le cloprostenol et de 1 mg pour le fenprostalene.
Les protocoles d’induction (une seule injection) voire de synchronisation (2 injections à 11 – 14 jours d’intervalle) de l’œstrus ou de l’ovulation (Protocole OvSynch) ont fait l’objet de multiples essais cliniques visant à évaluer leurs effets potentiels sur les performances de reproduction et à adapter le protocole aux situations ovariennes et à l’état de cyclicité des animaux. Nous y avons consacré une série de vidéos disponibles sur la chaine Youtube (Christian Hanzen). Que faut-il en retenir ?
- L’effet lutéolytique ne sera observé qu’en présence d’un corps jaune fonctionnel c’est-à-dire d’un diamètre supérieur à 20 mm. On comprend ce faisant l’intérêt d’un constat échographique de cette structure. L’écho-Doppler offre de nouvelles perspectives pour l’évaluation du corps jaune.
- Les protocoles de type OvSynch en vogue dans les grands élevages se traduisent bien plus par une amélioration de la fécondité que de la fertilité.
- L’injection unique de PGF2α s’accompage d’une dispersion plus grande du retour en chaleurs (2 à 7 jours) que la double injection (Mac Millan et Henderson 1984).
- On gardera en mémoire que l’induction d’un œstrus au moyen d’une PGF2α s’accompagne d’une synthèse moindre de progestérone lors du cycle suivant (Hansen et al. 1987).
- Les protocoles d’induction basés sur une voire deux injections de PGF2α et accompagnés d’une insémination sur chaleurs observées s’accompagnent de % de gestation comparables à ceux obtenus par des protocoles de type OvSynch accompagnés d’inséminations systématiques (Rablie et al. 2005).
- Une metaanalyse a recommandé une double injection de PGF2α en cas d’utilisation du protocole OvSynch. Ce protocole se traduit par une augmentation de 4,6 % du % de gestation.
- Un doublement de la dose de PGF2α permet de s’assurer d’une meilleure lutéolyse (Borchardt et al. 2018). Cela est particuilèrement le cas en présence de deux corps jaunes (Lopez-Gatius et al. 2021) ou d’un corps jaune dont le diamètre n’est pas optimal.
- Effet lutéolytique et induction d’un avortement
Saviez-vous que certains pays interdisent l’abattage d’animaux gestants. Ne serait-il pas opportun de contrôler les animaux réformés ?
L’effet abortif d’une PGF2α ne s’observe qu’au cours des 120 voire 150 premiers jours de la gestation (exception faite de la 1ère semaine). La dose de 250 μg de cloprostenol a été recommandés jusqu’au 120ème jour et celle de 500 μg entre les jours 120 et 150 (Youngqvist et al. 1977).
Une dose simple et double de PGF2α a été recommandée respectivement chez les génisses et les vaches. En présence de plusieurs corps jaunes, il est recommandé de doubler la dose de PGF2α. Cela s’indique plus particulièrement en cas de gémellité dont la prévalence est en augmentation chez la vache laitière.
- Effet ovulatoire et amélioration de la fertilité
Divers essais cliniques ont été réalisés. L’injection IV au moment de l’insémination de 50 mcg de cloprostenol augmente de 12,5 % le pourcentage de gestation (Prinzen et al. 1991). L’injection IV de 500 mcg de cloprostenol n’améliore la fertilité que chez les vaches à risque à savoir les primipares infertiles (Lopez-Gatius et al. 2004). L’injection IM de 10 mg de dinoprost augmente de 9,8 % le % de gestation (45,8 % vs 36 %). Une dose de 5 mg n’a pas d’effet (Ambrose et al. 2015). A l’inverse aucune amélioration du % de gestation n’a été observée après l’injection IM de 25 mg dinoprost à des vaches ou des génisses (Archbald et al. 1992, Gabriel et al. 2011), de 500 mcg (Kauffold et al. 2009) ou de 100 mcg (Mohammadi et al. 2019) de cloprostenol à des vaches ou de 10 mg de dinoprost à des vaches (Sauls et al. 2018) ou encore de 10 mg de dinoprost à des vaches à viande synhcronisées au moyen d’un protocole à base de progestérone (Marques et al. 2022). On notera que plusieurs auteurs observent une augmentation du risque de gémellité après de tels traitements (Lopez-Gatius et al. 2004, Sauls et al. 2018, Mohammadi et al. 2019).
Ces résultats contradictoires peuvent s’expliquer par des conditions expérimentales. Une tendance à l’amélioration s’observera davantage lors de situations à risque telles qu’un stress thermique, un bilan énergétique négatif, une progestéronémie trop élevée lors de l’œstrus facteurs qui contribuent à réduire la fertilité des vaches. Oserait-on recommander l’injection IM de 10 mg de dinoprost en gardant en mémoire le risque augmenté de gémellité ce qui lors du constat de gestation impliquerait d’en détecter l’éventuelle présence.

