Les dispositifs intravaginaux d'induction/synchronisation de l'oestrus dans l'espèce bovine.
Cette brève synthèse a été inspirée par la lecture de l’article de de Graaff W et Grimard B. Progesterone-releasing devices for cattle estrus induction and synchronization: Device optimization to anticipate shorter treatment durations and new device developments. Theriogenology 2018,112, 34-43.
Commençons par un bref rappel de physiologie (Voir figure 1)
L’expulsion d’un ovocyte compétent (1) et une augmentation aussi rapide et élevée que possible de la progestérone après cette ovulation (2) constituent deux préalables (parmi d’autres) indispensables à l’obtention d’une gestation. La compétence de l’ovocyte et son expulsion dans un délai normal sont liées à une libération optimale de la LH (3) sous l’influence de la GnRH (4). La synthèse et la libération de ces deux hormones dépendent de la synthèse suffisante d’oestradiol par le follicule (5) et d’une progestéronémie aussi basse que possible (<0,1 ng/ml) pendant la phase oestrale (6), résultat de la synthèse de la PGF2a (7). Une croissance folliculaire (8) et une compétence ovocytaire optimale seront acquises dans un environnement progestéronique suffisant (9). Il n’est pas inutile de rappeler les 4 rôles de la LH : croissance du follicule dominant après le stade dit de la déviation, induction de l’ovulation, développement du corps jaune et réduction méiotique de l‘ovocyte.
Il faut savoir raisonner l’utilisation d’un dispositif intravaginal d’administration de la progestérone(DIV).
Ces dispositifs sont au nombre de trois actuellement (Voir figure) : PRID Delta de CEVA (Progesterone releasing intravaginal device, 1,55 g de progestérone), le CIDR (Controlled internal drug releasing device de ZOETIS, 1,38g de progestérone) et le CUEMATE (1,38g de progestérone de VETOQUINOL). Ils sont utilisés (PRID Delta et CIDR) actuellement pour 7 % (300.000) environ des IA réalisées en France sur les génisses et vaches de race laitière ou à viande.
Le recours à un dispositif intravaginal (DIV) peut s’envisager dans un double contexte zootechnique ou pathologique. Le premier concerne les exploitations s’inscrivant dans une approche de vêlages groupés, confrontés le cas échéant à un problème de détection des chaleurs et dont la cyclicité des animaux a été ou non confirmée par une palpation/échographie. Le second concerne les animaux en anoestrus pathologique fonctionnel (absence d’une croissance folliculaire et de corps jaune au-delà d’une période d’attente de 50 à 70 jours). Dans l’un et l’autre cas, l’insémination peut être réalisée après détection de l’oestrus (AM/PM ou PM/AM) ou de manière systématique (TAI Timed Artificial Insemination) après le retrait du DIV.
L’utilisation d’un DIV implique des contraintes (contention des animaux à plusieurs reprises en fonction des traitements hormonaux complémentaires éventuels, politique de regroupement des vêlages, respect de l’hygiène pour la mise en place, prise en compte de l’état corporel des animaux cad >2,5; coûts liés aux traitements et à l’examen clinique, les résultats de gestation envisageables : 25 à 60 % chez la vache laitière et 40 à 70 % chez la vache à viande et les génisses).
Quel protocole utilisé ?
Les protocoles de synchronisation/induction de l’oestrus au moyen d’un DIV sont en Europe (interdiction d’utilisation des esters d’oestradiol oblige) au nombre de trois. Deux s’adressent aux génisses et vaches cyclées de race laitière ou à viande (Figure protocoles 1 et 2). Le protocole 2 s’assimile au protocole Ovsynch. La seconde GnRH peut être injectée au moment de l’IA cad 60 à 65 heures après l’injection de la PGF2a. Ce protocole s’assimile au protocole CoSynch et permet surtout chez les animaux de race viandeuse de réduire à 3 le nombre de contentions. Le protocole 3 doit être appliqué aux génisses et vaches non cyclées de race laitière ou à viande. Il implique une injection d’eCG (Figure : protocole 3).
Le rappel physiologique proposé permet de comprendre la justification des traitements hormonaux complémentaires associés à l’utilisation d’un DIV. De manière plus spécifique, on précisera que
- La progestérone a pour objet de réduire la sécrétion de la LH et de prévenir l’apparition d’un œstrus et de l’ovulation. Le retrait du DIV assure une reprise de la croissance folliculaire. La réduction de 3 à 5 jours de la durée du traitement (7 à 9 jours vs 12 jours avant) réduit la durée de la dominance folliculaire et contribue à augmenter la fertilité.
- La PGF2a injectée 24 h avant le retrait du DIV induit la lutéolyse du corps jaune éventuellement présent (ainsi que celle du follicule dominant lutéinisé par l’injection d’une GnRH en début de traitement) et une concentration aussi basse que possible de la progestérone durant l’œstrus.
- Chez les animaux non cyclés, l’eCG injectée à la dose de 400 UI (une dose supérieure augmente le risque de gestation gémellaire surtout si l’injection a été réalisée avant le stade de dominance du follicule éventuellement présent) au moment du retrait du DIV va stimuler la croissance du follicule. Il en résultera une meilleure synthèse en œstradiol et donc en GnRH et en LH.
- L’injection d’une GnRH lors de la mise en place du DIV a pour objectif d’induire l’ovulation voire la lutéinisation du follicule dominant éventuellement présent et l’émergence d’une nouvelle croissance folliculaire 2 à 3 jours plus tard. L’injection d’une GnRH 48 h (protocole Ovsynch) ou 65 heures (protocole CoSynch) après le retrait du DIV a pour objet de renforcer la libération de la LH.



