Les mammites subcliniques influencent les performances de la descendance
REFERENCE : Sadeghi H et al. Evidence that elevation of maternal somatic cell count could lead to production of offspring with inferior reproductive and productive performance in dairy cows during the first lactation period. Theriogenology 200 (2023) 79-85.
CONTEXTE
La notion de programmation du développement (developmental programming) implique que les facteurs responsables de la croissance fœtale durant la gestation ont également des effets sur la physiologie du nouveau-né après sa naissance. Ces effets concernent la croissance mais également le métabolisme ou l’immunité ou encore la reproduction. Deux exemples peuvent en être donnés. Ils concernent les mammites subcliniques. Les génisses nées de vaches dont les taux cellulaires étainet 4 à 5 fois supérieurs à la valeur seuil de 200.000 cellules ont des concentrations inférieures en AMH (Anti Mullerian Hormone) hormone produite après la naissance par les cellules de la granuleuse des follicules antraux et preantraux (Ireland et al. 2010). A ce titre, sa concentration plasmatique est un bon marqueur biologique de la population folliculaire de Bos taurus et de Bos indicus. Par ailleurs les performances de reproduction des génisses nées de vaches avec des taux cellulaires élevés présennet de moins bonnes performances de reproduction (Swartz et Bradford 2021).
L’étude référencée vient confirmer les effets à long terme sur la descendance de la mammite subclinique. Elle concerne les performances de reproduction, de production et de santé mammaire de 3461 primipares laitières de race Holstein nées de vaches (Production de 13.750 kg en 305 jours) dont les moyennes cellulaires de 10 contrôles mensuels ont été répartis en plusieurs groupes à savoir G1 : <200.000 (n=3001) (Moy 59.999) , G2 : 200 à 400.000 (n=252) (Moy 279.653), G3 : 400 à 600.000 (n=103) (Moy 479.668), G4 : 600 à 800.000 (n=40) (Moy 697.495)et G5 : > 800.000 cellules (n=61) (Moy 1.301.096). Un échantillon de chaque groupe de génisses a par ailleurs fait l’objet d’un dosage d’AMH au moment du protocole hormonal d’insémination).
LEURS OBSERVATIONS
Aucune différence du poids à la naissance des primipares n’a été constatée. Les périodes d’attente des primipares des différents groupes ont été comparables (63 à 65 jours).
Le % de gestation en 1ère insémination des primipares du groupe 5 (> 800.000 cellules) est significativement inférieur (34.5 %) à celui des groupes 1, 2 et 3 (< 600.000 cellules) (46 à 50 %). Il s’accompagne d’une augmentation significative du nombre moyen d’inséminations par gestation (2,8) par rapport aux groupes 1 et 2 (< 400.000 cellules). Enfin, l’intervalle entre le vêlage et la gestation a été significativement supérieur chez les primipares du groupe 5 (130 jours) que dans les groupes 1 à 3 (< 600.000 cellules) (102 à 103 jours).
La production laitière comme les productions de matières grasses et deprotéines en 305 jours ont été significativement plus faibles dans le groupe 5 (11.900 kg) que dans les autres groupes (12.000 à 12.500). Aucun effet n’a été observé sur la prévalence des mammites cliniques ou subcliniques dans les différents groupes de primipares.
La concentration en AMH s’est avérée significativement plus faible dans le groupe 5 (235 pg/ml) que dans les groupes 1 et 2 (< 400.000 cellules) (370 à 410 pg/ml).
UN MOT D’EXPLICATION ?
Il est possible de penser qu’un état inflammatoire chronique exprimé par l’augmentation de la concentration moyenne en cellules puisse avoir un effet délétère sur le pool des follicules en développement lors de la période fœtale des primipares dont les performances de reproduction sont diminuées. Il peut en résulter comme l’ont proposé diverses publications des altérations de la qualité des ovocytes, une perte de sensibilité des follicules aux gonadotropines, une synthèse moindre de la progestérone, des modifications du poids et de la taille de l’utérus, des modifications également de l’endomètre voire du contenu protéique de l’utérus.
Il reste cependant à démontrer si cet effet négatif est imputable aux bactéries ou à leurs produits de synthèse comme les lipopolysacharides (LPS) comme l’ont proposé plusieurs publications.
Il n’est pas impossible de penser par ailleurs, que l’effet d’une inflammation chronique puisse également avoir un effet négatif sur l’axe hypothalamo hypophysaire voire sur le tissu mammaire durant leurs périodes fœtales de développement ce qui expliquerait les productions laitières moindres des primipares du groupe 5.

