MAIS A QUOI PASSENT-ELLES/ILS LEUR TEMPS ?
REFERENCE : Hogan C et al. An examination of labor time-use on spring-calving dairy farms in Ireland. J. Dairy Sci. 2022, 105:5836–5848 https://doi.org/10.3168/jds.2022-21935 .
Le système d’élevage centré sur le pâturage (grazing dairy system qui fait coïncider le pic de production avec la croissance maximale de l’herbe) est largement répandu en Irlande et en Nouvelle-Zélande. Il offre l’avantage de réduire les coûts de production et l’impact environnemental. Ses conséquences sociales n’ont que peu été étudiées. C’est ce qui fait l’intérêt de cette étude qui a caractérisé les activités de 76 exploitations laitières irlandaises réparties par taille en 4 groupes (50 à 89 (37%) ; 90 à 139 (32 %), 140 à 239 (41 %) et > 239 vaches (4 %)) durant 5 mois (février à juin). Pour ce faire, chaque éleveur a systématiquement un jour sur deux durant ses 6,5 jours de travail hebdomadaire, introduit au moyen d’une application sur son portable le début et la fin de 10 activités telles tâches administratives, repos, soins aux veaux, aux génisses, aux vaches, distribution des aliments, gestion des pâtures, traite, entretien des bâtiments et du matériel, autres tâches sans relation directes avec l’élevage.
Leurs principales observations sont rapportées dans les figures annexées. On peut observer que
- Sur la période de l’étude (150 jours), les éleveurs travaillent 2200 heures en moyennne dans une exploitation moyenne de 137 vaches. Ce nombre d’heures varie selon la taille de l’élevage mais également entre élevages pour une taille donnée.
- On constate un recours plus intensif à des travailleurs saisonniers ou à des entreprises quand la taille de l’élevage augmente.
- 31 % du temps est consacré à la traite soit 4,5 heures en moyenne par jour. Ce nombre d’heures moyen par jour aumente avec le nombre de vaches présentes. Il est respectivement de 3,9 h et de 6,3 h dans le sélevages de 50 à 89 vaches et de plus de 239 vaches. Cependant le temps de traite moyen consacré par vache est respectivement de 8,3 et de 3,3 h dans ces deux types d’exploitations.
- Chaque éleveur consacre en moyenne 18,2 heures de travail par vache présente dans le troupeau (137 vaches en moyenne présentes). Ce nombre d’heures diminue quand le nombre de vaches présente augmente. Il est de 10,9 h quand le troupeau comporte plus de 239 vaches et de 26,3 h quand il comporte 50 et 90 vaches.
PARLONS-EN
La charge de travail des éleveurs est importante. Elle n’est bien entendu pas sans conséquences sur la santé physique et mentale (stress) de l’éleveur et de sa famille. Elle contribue par ailleurs à rendre plus difficile le recrutement de jeunes pour assurer la relève.
L’augmentation de la taille s’accompagne d’un recours plus important à de la main d’œuvre extérieure. Le coût des nouvelles technologies constitue pour les petites exploitations un frein à leur adoption surtout si l’éleveur peut encore compter sur les membres de sa famille (s’ils sont disponibles bien entendu).
Le rendement du travail par vache augmente avec la taille de l’exploitation. Il faut y voir une meilleure gestion des ressources techniques et humaines disponibles. Cet aspect constitue un point de discussion intéressant à avoir avec l’éleveur.
La flexibilité du travail constitue également un aspect important pour le recrutement.
L’optimisation du temps de traite demeure un objectif. Classiquement une routine de traite toutes les 12 heures est pratiquée. Cependant, il s’avère qu’une routine de 16:8h ne modifie pas les aspects qualitatifs et quantitaifs de la production. La mise en place de systèmes plus automatisés de traite (décrochement automatique, moins de vaches par poste de traite, trempage automatique…) implique cependant de réels investissements que les fermes de taille plus réduite ne peuvent pas se permettre.
La taille de l’élevage n’exerce que peu d’effet sur l’efficacité du travail en termes de temps passé à donner les soins aux animaux ou à s’occuper des prairies. Dans ce dernier cas, les plus grosses exploitations ont, il est vrai recours à des entreprises.
Il est intéressant de signaler que de plus en plus d’éleveurs ont recours à d’autres éleveurs pour assurer l’élevage de leurs génisses.
Le temps dévolu à l’administration est plus important dans les grandes exploitations.
Le recours aux nouvelles technologies de traite ou d’alimentation est de nature à rendre plus perforant le travail effectué voir à rendre pour les jeunes le travail plus attrayant. Une telle approche implique cependant que l’éleveur soit davantage informé de la nature mais surtout de l’interprétation des données ainsi collectées.


