Plus elle maigrit et moins bien elle se reproduit

REFERENCE : Pinedo et al. Association between body condition score fuctuations and pregnancy loss in Holstein cows. Journal of Animal Science, 2022, 100, 1–12 https://doi.org/10.1093/jas/skac266

UN PEU DE CONTEXTE

Vous le savez, il ne peut y avoir de gestation sans insémination. Encore faut-il que cette insémination soit suivie d’une gestation qui ne soit pas interrompue par une mortalité embryonnaire très précoce, précoce ou tardive (MET) ou par un avortement.

Le maintien d’une gestation est corréle à de multiples facteurs de nature nutritionnelle, génétique, environnementale ou encore infectieuse qui peuvent altérer la physiologie utérine et/ou de l’embryon. Les auteurs sont unanimes pour reconnaître l’impact négatif d’une balance énergétique négative sur la durée de la période d’attente. Elle entraîne en effet une augmentation des pathlogies du postpartum telles que les infections utérines ou encore l’anoestrus.

L’intérêt de cette publication est d’avoir analysé l’impact d’une diminution du score corporel et de on moment d’apparition au cours du postpartum sur le risque d’une mortalité embryonnaire.

COMMENT ONT-ILS FAIT ?

L’étude concerne une exploitation laitière américaine de 6884 vaches primipares et pluripares de race Holstein (9460 lactations : Production à J60 : 25 % ≤ 31.1 kg et 25 % > 46.6 kg) inséminées 60 à 80 jours postpartum après un double protocole de synchronisation de type OvSynch. Un double constat de gestation a été posé 32 ± 3 et 80 ± 3  jours après l’insémination systématique réalisée.

A chacune des 3 traites journalières réalisées, le score corporel a été évalué au moyen d’une caméra et les données analysées sur une échelle de 1 à 5 avec 0.1 unité. Les scores corporels ont été enregistrés au moment du vêlage, 21 et 56 jours après, au moment de l’IA et 90 jours plus tard. Les changements de score coporel ont été obtenus par les différences de score obtenus à chacun de ces moments.  Les effets des pathologies sur la mortalité embryonnaire ont été étudiés en distinguant les pathologies dites de la reproduction (rétention placentaire, infections utérines) et les autres à savoir l’hypocalcémie, la cétose subclinique, le déplacement de caillette, les boiteries, les problèmes digestifs et respiratoires, les mammites). Les effets de ces pathologies ont été analysés avant le 80ème jour du postpartum et les 90 jours suivant l’insémination.

LEURS PRINCIALES OBSERVATIONS

Les VIF moyens des primipares et pluripares ont été respectivement de 109.9 et de 104.1 jours.

Les % de mortalité embryonnaire tardive (J32 à J80) ont été respectivement de 6.9% et 12.2% pour les primipares et pluripares (P<0.0001) (Moyenne générale de 10 %).

Les valeurs moyennes des SC diminuent de 0.4 points entre le vêlage (3.3) et le 56ème jour PP (2.9) puis augmentent jusqu’au 90ème  jour après l’insémination.

Les vaches dont le score corporel est plus faible 56 jours postpartum, au moment de l’IA et 90 jours plus tard sont davantage exposées à une MET que celles dont le score corporel estplusélevé. Il en est de même pour les vaches qui enregistrent une perte d’état corporel entre le vêlage et le 21ème jour du postpartum ou entre l’IA et le 90ème jour suivant.

Les différences des prévalences de la mortalité embryonnaire tardive entre  primipares et pluripares et entre présence ou absence de pathologies sont très significatives (P<0.001) (voir la figure annexée) : les pluripares sont plus sujettes à une MET. De même, la manifestation par l’animal d’une pathologie de la reproduction ou non voire des deux durant les premiers 80 jours du postpartum (45,5 % des vaches concernées) et les 90 jours suivant l’insémination (12,5 % des vaches concernées) augmente significativement le risque de MET.

UNE EXPLICATION ?

L’évaluation plus systématique de l’état corporel permise par son enregistrement au moyen d’une caméra (Système Delaval) à chaque sortie de la salle de traite permet d’éliminer la subjectivité de cette évaluation et de mieux identifier les périodes à risque. Il est vrai que l’outil a un prix.

Cette étude confirme l’impact négatif exercé par une perte d’état corporel non seulement pendant le tarissement mais également durant la période d’attente. Cette perte on le sait contribue à augmenter non seulement le risque d’anoestrus mais également celui de la mortalité embryonnaire.

Dans le premier cas, elle se traduit par une réduction de la synthèse des stéroïdes ovariens (oestradiol et progestérone), le double protocole Ovsynch utilisé pourrait cependant dans le cas présent réduire ce risque. Dans le second cas, elle contribue à réduire la qualité de l’ovocyte et partant sa capacité à être fécondé ou le cas échant à assurer un développement optimal de l’embryon. On le sait les AGNE mobilisés suite à une balance négative interfère avec le métabolisme et le statut immunitaire de la vache en postpartum ce statut devnt être optimal pour lutter effeicacement contre des inections qu’elles soient utérines, podales ou mammaires.