ARRETONS D’INJECTER DE LA PGF POUR TRAITER UNE METRITE CLINIQUE/PUERPERALE VOIRE UNE RETENTION PLACENTAIRE

REFERENCE : Heppelman et al. Effects of oxytocin and PGF2α on uterine contractility in cows with and without metritis—An in-vitro study. Animal Reproduction Science 2018, 188, 144-154.

Un état des lieux

En 2016, nous avons réalisé une enquête auprès de 700 vétérinaires praticiens européens. Elle concernait les pratiques diagnostics et thérapeutiques de la rétention placentaire. Observant le graphique ci-dessous on peut constater que parmi les traitements non –antinfectieux utilisés par voie générale, la PGF2 occupe une place de choix puisqu’elle est utilisée parfois ou toujours par 63 % des vétérinaires interrogés, l’ocytocine l’étant par 38 % d’entre eux.

Dans le cadre d’une autre enquête réalisée en 2016 auprès de 300 vétérinaires européens, nous avons également observé que la PGF2a était largement utilisée (73 %) par les confrères pour traiter une métrite clinique/puerpérale en présence de symptômes locaux et/ou généraux.

Se pose la question de savoir la pertinence de cette utilisation de la PGF2a ou de l’ocytocine/carbetocine pour traiter une métrite clinique/puerpérale voire une rétention placentaire. En effet, les publications rapportent des effets pour le moins contreversés non seulement sur la contractilité utérine mais également à plus long terme sur les performances de reproduction. Il n’est sans doute pas inutile de rappeler que l’effet d’une hormone sur une structure (en l’occurrence le myomètre) en implique une concentration suffisante mais également la présence de récepteurs.

Matériel et méthodes

Les auteurs de l’étude ont par sonomicrométrie (technique recourrant aux ultrasons) tester les effets de l’addition de 5UI d’octocine ou de 2,5 mg de PGF2a (Dinoprost) sur des lamberaux de cornes utérines prélevés après euthanasie 5 à 21 jours après le vêlage de vaches ayant (n = 6) ou non (n = 7) présenté une métrite. Ils ont par ailleurs évalué l’abondance des récepteurs aux oestrogènes, à la progestérone et à l’ocytocine au niveau de l’endomètre et du myomètre. Aucune des vaches ne présentait de corps jaune ou de follicules de diamètre supérieur à 10 mm. L’observation, est intéressante puisque l’on sait que les effets ocytociques dépendent des concentrations en progestérone et en oestrogènes, ces derniers les favorisant.

Leurs observations

  • La présence d’une métrite n’affecte en rien la viabilité des tissus prélevés comme le démontre l’absence de différence dans la consommation de glucose des tissus prélevés.
  • Les vaches présentant une métrite avaient une concentration en oestrogènes (75,2 pg/ml) supérieure mais non significativement différente de celles sans métrite (19,8 pg/ml). Peut-être cette différence résulterait d’une élimination hépatique différente des oestrogènes placentaires de la fin de la gestation.
  • La concentration en Ca s’est avérée semblable dans les deux groupes.
  • Un effet de stimulation des contractions a été observé dans les deux groupes de vaches après addition d’ocytocine. Il s’est manifesté indépendemment de la période du postpartum (5 à 21 jours). Cet effet est apparu supérieur chez les vaches avec métrite. Il était corrélé à la concentration en récepteurs au niveau de l’endomètre et du myomètre, récepteurs dont la concentration peut augmenter sous l’effet des cytokines inflammatoires. Il est également possible que la plus grande concentration en PGF2a observée habituellement chez les vaches avec métrite ait augmenté la sensibilité du myomètre à l’ocytocine.
  • L’addition de PGF2a n’a induit aucune augmentation des contractions utérines. On sait que le dinoprost adminstré par voie IV induit in vivo des contractions ce qui n’est pas le cas après son administration par voie IM, le cloprostenl n’ayant pas d’effet par voie IV ou IM. Le catabolisme pulmonaire très rapide des PGF2a ne peut être invoqué dans le cas présent. Cet absence d’effet pourrait être imputé à une concentration plus élevée en PGF2a en cas de métrite d’autant que comme pour l’ocytocine cette situation s’accompagne d’une augmentation de récepteurs à la PGF2a. Cette augmentation des récepteurs à l’ocytocine et à la PGF2a pourrait être la conséquence de l’augmentation de la concentration en oestrogènes chez les vaches avec métrite.

Moralité

Laissez tomber la PGF2a et utilisez de l’ocytocine voire de la carbetocine dont la durée d’action est plus longue. Des doses de 50 UI d’ocytocine en IM ou 15 UI en IV ou de 0.35 mg de carbetocine en IM ont été recommandées (Gajewski 1999, Bajcsy et al. 2016).