GnRH OU hCG : FAUT-IL CHOISIR POUR TRAITER L’INFERTILITE ?

REFERENCE : Besbaci et al. Association of pregnancy per artificial insemination with gonadotropin releasing hormone and human chorionic gonadotropin administered during the luteal phase after artificial insemination in dairy cows: A meta-analysis. J. Dairy Sci. 2019, 103, 2019-16439.

CONTEXTE DE L’ETUDE

Les étapes qui conduisent à une gestation sont nombreuses. On en trouvera une illustration dans la photo ci-jointe. La progestérone est l’hormone clé qui permet d’assurer la gestation. Diverses stratégies hormonales ont été proposées  pour en augmenter directement (mise en place de dispositifs intravaginaux) ou indirectement (GnRH, hCG) la concentration dans les jours qui suivent une insémination.

L’article référencé se propose de caractériser au moyen d’une meta-analyse de 52 publications rassemblant 107 essais cliniques comparant 18,082 vaches traitées et 18.385 vaches témoins, les facteurs d’influence et l’intérêt de traitements à base de GnRH (33 publications) ou d’hCG (29 publications) administrés aux cours des 15 premiers jours de la gestation. Les moyennes générales associées aux différents facteurs sont présentés dans le tableau 1.

QUE NOUS APPREND CETTE METAANALYSE ?

Attendu les différents modèles d’analyse des facteurs d’influence sur les effets d’un traitement au moyen de GnRH ou d’hCG, il apparaît que

  • d’une manière générale, un traitement avec l’une ou l’autre molécule contribue à augmenter le % de gestation. Cet effet s’observera le plus souvent chez les vaches dont la fertilité est inférieure à 30 voire 45 %. Cet effet peut même s’avérer négatif si la fertilité est supérieure à 60 %. Ceci explique pourquoi l’effet positif sera davantage observé chez les pimipares que chez les pluripares, les premières étant plus sujettes à l’infertilité que les secondes. Cette infertilité résulte le plus souvent d’un manque de progestérone. L’explication en est la suivante : l’un ou l’autre traitement contribue à augmenter la concentration en progestérone (au-dessus du seuil de 3 ng/ml) soit par la lutéinisation du follicule dominant éventuellement présent au moment de l’injection soit par un renforcement de la synthèse de progestérone. Il peut également contribuer à induire non pas la lutéinisation du follicule dominant mais son ovulation. Dans l’un et l’autre cas, on peut observer une modification de la dynamique folliculaire et une lutéolyse quelque peu différée ce qui va permettre à l’embryon de disposer de plus de temps pour assurer sa phase d’élongation et donc sa survie (Araujo et al., 2009, Starbuck et al., 2001). A l’inverse, l’un ou l’autre traitement peut si la progestéronémie est trop élevée (> 9 ng/ml) ne pas avoir d’effet ou un effet négatif du fait que cet excès de progestérone stimule de manière excessive la croissance de la vésicule embryonnaire et contribuer à augmenter l’asynchronisme entre ce développement et celui du milieu utérin.
  • un effet positif ne sera observé que si on injecte 10 μg ou plus de buséréline. Il ne semble pas que le type de GnRH soit essentielle, ces trois molécules s’avérant équivalentes pour induire l’ovulation d’un follicule dominant au 6ème ou 7ème jour du cycle (Picard-Hagen et al., 2015).
  • l’injection d’une GnRh doit être réalisée au-delà du 10ème jour suivant l’insémination même si l’effet ovulatoire est moins souvent observé compte tenu de la concentration plus élevée en progestérone qui réduirait la libération de la LH (Giordano et al., 2012). L’effet favorable serait imputable au fait que l’injection coïnciderait avec le déclenchement du mécanisme embryonnaire présidant au maintien de la gestation (Mann and Lamming, 2001).
  • une augmentation du % de gestation ne sera observé que si une dose d’hCG > 2500 UI est réalisée avant ou après le 5ème jour suivat l’insémination.
  • les autres facteurs étudiés sont sans effet sur le % de gestation.

CONCLUSIONS

Cette étude offre l’avantage de rationnaliser le recours à la GnRH ou à l’hCG pour tenter d’améliorer la fertilité d’animaux à risque. Elle n’exclut en rien la nécessité une fois encore de réaliser un examen clinique adéquat pour éliminer d’autres causes telles que les endométrites (cliniques ou subcliniques), un score corporel insuffisant, le pneumo-vagin.