L'importance et la gestion du pic de lactation
Le pic de lactation est défini par la plus haute production journalière enregistrée avant 150 jours post-partum. Evidemment il peut varier énormément (30-70 kg même chez nous) en fonction du numéro de lactation (les primipares ont environ 10 kg de lait au pic de moins que les pluripares), la génétique, la nutrition des vaches ainsi que leur état de santé. Lorsque le pic est atteint (45-70 j), la production diminuera de façon irrémédiable entre 2-7% par mois. La gestion et la connaissance du pic de production sont essentielles afin de maitriser la production de toute la lactation (par 0.5 kg de lait en plus au pic c’est 100-200 kg de lait en plus sur la lactation) mais également la période la plus critique pour l’animal et son éleveur à savoir les 100 premiers jours. De nombreuses études (2005-2021) montrent l’importance des premiers 100 jours sur la résilience des vaches (longévité et adaptabilité), leur efficience alimentaire et leur durabilité.
Si le pic est lié à la nutrition et la santé des animaux, l’inverse est également vrai. Afin d’atteindre le potentiel de production génétique au pic, il faudra des animaux en bonne santé et une nutrition qui suit les besoins. On sait que l’augmentation de la production post-partum se fait plus vite que l’augmentation de l’ingestion ce qui fait qu’un phénomène de balance énergétique (et protéique) négative (BEN) apparait autour du pic de production.
Il existe 3 grands points clés afin de mieux gérer le démarrage en production, le niveau du pic de production ainsi que la capacité de l’animal a bien gérer cette période :
- Le premier point clé est la maximisation de l’ingestion en début de lactation afin de limiter la BEN. Celle-ci est d’abord corrélée positivement à l’ingestion au tarissement (70% dans les études). On vérifiera que les vaches taries ingèrent plus de 12 kg MS. Les autres éléments fondamentaux de l’ingestion sont l’appétence de la ration en lactation, l’accès à l’eau et à la nourriture sans tri, la maitrises des pathologies impactant l’ingestion (métries, mammites, boiteries…).
- Le deuxième point clé est la maitrise des pathologies métaboliques du post-partum : surtout l’hypocalcémie subclinique et l’acétonémie mais aussi les acidoses de transition. Ces trois pathologies sont étroitement corrélées au premier point (et inversement) mais également à la qualité de la ration.
- Enfin le troisième point clé est la qualité de la ration en elle-même. D’abord l’énergie et la protéine qui doivent couvrir au maximum les besoins des animaux, tout en sachant qu’on ne peut pas les couvrir complètement. En cas de carences trop importantes, on voit apparaître deux phénomènes en exploitation en fonction du type génétique, de l’élevage de la génisse et du niveau de production « normal » du troupeau : soit l’animal va diminuer, écrêter ou raccourcir son pic de production (pic précoce), soit il va essayer d’atteindre son pic et se mettre en danger métabolique. On verra alors augmenter les risques d’acétonémie, de déplacement de caillette, d’infertilité, d’endométrite chroniques ou mammites. Le tout est de trouver un compromis entre la production et la santé en fonction de l’exploitation et du système. Il n’est pas judicieux de pousser les animaux (surtout en protéine) s’ils ne sont pas prêts (tarissement et démarrage) ou si la qualité de la ration ou le système ne sont pas adaptés. Cependant, si la ration est faible, déséquilibrée ou que les animaux ne sont pas préparés, ils ne monteront pas en lait. Enfin les apports en minéraux, oligo-éléments et vitamines.
Des outils existent afin de vérifier l’adéquation du management du post partum. La courbe de lactation permet de voir le timing du pic, son niveau (contrôle laitier et/ou lait individuel). Les taux en fonction des jours en lait sont précieux afin de vérifier les risques d’acétonémie et d’acidose (cf. article Rumexperts acétonémie- acidose). Le suivi de reproduction permet souvent d’associer le diagnostic des pathologies du post-partum et la mesure des acétonémies sanguines. Un bilan métabolique de 3 groupes de vaches saines (tarissement, début de lactation (5-35 jours), post pic (60-150)) permet de voir comment les animaux s’adaptent et gèrent cette période délicate. Lors de soucis, une vue d’ensemble doit être abordée (logement, rations, vaches) afin de vérifier les points critiques ayant un impact sur le pic de production.

