LA DUREE DE LA GESTATION A AUSSI SON IMPORTANCE
REFERENCE : Selon Vieira-Neto A et al. Association among gestation lenght and health, production and reproduction in Holstein cows and implications for their offspring. J.Dairy Sci. 2017,100,3166-3181.
QUELQUES PRECISIONS
Aux USA, la durée de la gestation (DG) des génisses et des vaches est respectivement de 277,8 ± 5,5 et de 279,4 ± 5,7 jours (Norman et al. 2009).
Cette durée de gestation dépend de la génétique (plus grande héritabilité du père que de la mère, réduction de 9 jours de la DG par certains taureaux), du sexe du veau (+ 1,1 jour si mâle), de la gémellité, de l’âge de la mère et de la saison du vêlage (moins 2,8 jours si vêlage en saison chaude ; moins 3 à 4 jours si stress thermique), de la durée de la lactation (corrélation positive).
La durée de la gestation a des conséquences sur le risque de dystocie, la production laitière, la mortalité néonatale et la métrite puerpérale.
COMMENT ONT-ILS FAIT ?
L’étude réalisée aux USA (Californie) concerne 3335 primipares et 4909 pluripares deux fermes. Toutes les vaches (traites 2 à 4 fois par jour et des productions annuelles en 365 jours de 12.050 à 13.100 kg de lait à 3,5 % de MG) ont fait l’objet d’un suivi de santé et de reproduction. Les pathologies ont été enregistrées au cours des 90 premiers jours du postpartum et le risque de réforme ou de mort de l’animal au cours des 300 premiers jours.
Valeur moyenne de la durée de la gestation : 276 jours ± 6 jours (DS).
Trois groupes ont été constitués
- Durée courte (9,4 %) : (SGL) n = 762, moy = 266 j (256 to 269)
- Durée moyenne (76,4%) : (AGL), n = 6,181, moy = 276 j, (270 to 282)
- Durée longue (14,2%) : (LGL ) n= 1,152, moy = 285 j, (283 to 296)
QUELQUES RESULTATS
CARACTERISTIQUES DE LA DUREE DE LA GESTATION
La DG des primipares (274.1 ± 0,2j) est significativement (P<0.01) inférieure à celle des pluripares (276.8 ± 0,2j).
Hypothèse : le développement et donc le développement abdominal moindre des primipares induirait une situation de stress (Hypoxie) pour le fœtus qui déclencherait plus tôt la parturition. Il en serait de même en cas de stress thermique environnemental ou en cas de gémelllité.
Si veau femelle (275.4 ± 0,1) la DG est significativement (P<0.01) inférieure que si veau mâle (276.7 ± 0.1). De même, en cas de gestation gémellaire (4,2 % au total), il y a une différence significative (P<0.05) entre F/F (1,1 % : 274.3 ± 0.7j) ou F/M (2,1% 273.6 ± 0.5j) que si M/M (1,0 % 277.3 ± 0.6j).
Hypothèse : l’allongement de la durée de la gestation en cas de veau mâle résulterait de l’allongement du temps nécessaire au développement de leur axe adreno-hypothalamo-hypophysaire.
DUREE DE LA GESTATION ET FREQUENCE DES PATHOLOGIES (voir Tableau 1)
Chez les primipares, le % de mortalité néonatale, de rétentions placentaires, de métrites puerpérales augmente quand la durée de la gestation diminue (256 to 269). Chez les pluripares, le % de dystocie, mortalité néonatale, de rétention placentaire, de métrite puerpérale augmente quand la durée de la gestation diminue (256 to 269) ou augmente (283 to 296). Le % de morbidité (manifestation de l’une et/ou de l’autre des différentes pathologies identifiées cad rétention, dystocie, métrite, fièvre de lait, déplacement de caillette, pathologie respiratoire, boiterie, mammite) augmente quand la durée de la gestation diminue (256 to 269) ou augmente (283 to 296). Le risque de réforme au cours des 300 jours suivant le vêlage augmente quand la durée de la gestation diminue.
Hypothèses : tout raccourcissement de la durée de la gestation peut résulter d’une situation stressante pour le foetus (hypoxie, hypoglycémie) induisant prématurément la parturition. Elle s’accompagne d’une immaturité pulmonaire et d’une absorption moindre du colostrum expliquant l’augmentation des mortalités néonatales. Le processus immunitaire du rejet du placenta et donc de son expulsion serait inhibé en cas de raccourcissement de la gestation. Il en résulterait une augmentation de la prévalence des rétentions et donc des métrites. L’effet négatif exercé par l’augmentation de la durée de la gestation serait indirectement imputable à l’augmentation de la taille du fœtus et donc du risque de dystocie.

DUREE DE LA GESTATION ET PRODUCTION LAITIERE
Chez les primipares on observe une diminution de la production laitière journalière quand la durée de la gestation diminue (- 1,2 litres) ou augmente (-2,4 litres) par rapport à une durée de gestation normale (35,5 litres). Chez les pluripares la production diminue avec la durée de la gestation (- 2,8 litres) mais augmente avec celle-ci (+ 0,8 litres) par rapport à la production moyenne de 41,6 litres).
Hypothèses : Une réduction de la durée de la gestation est de nature à modifier la synthèse de prolactine et donc la galactopoièse, cette synthèse étant positivement associée à celle de l’œstrone mais négativement à celle de la progestérone. Par ailleurs, il est vraisemblable que l’augmentation de la fréquence des pathologies du postpartum n’est pas de nature à favoriser la production laitière.
DUREE DE LA GESTATION ET FERTILITE
Pas d’effet sur la % de gestation en 1ère insémination (37,1 % à 40,7 % pour les primipares et 35,3 à 37 % pour les pluripares) malgré l’augmentation des pathologies. On notera cependant que les vaches avec une durée de gestation diminuée ont moins de chances d’être gestantes au bourt des 300 jours du postpartum.
Hypothèse : dans le cas présent, ces pathologies se sont traduites par une augmentation de la réforme des vaches avant la mise à la reproduction.
DUREE DE LA GESTATION ET FERTILITE DES FILLES
Par rapport à une durée de gestation normale des mères (64,5 %), le % de gestation des filles diminue significativement quand la durée de la gestation augmente (60,3 %) et elle augmente quand la durée de la gestation diminue (69,3 %). Par ailleurs une modification de la durée de la gestation se traduit par une réduction du % de génisses inséminées au cours des 500 premiers jours suivant la naissance.
Hypothèse : ces effets négatifs seraient imputables à l’augmentation des pathologies néonatales.
