LE CONTROLE D’INVOLUTION UTERINE, ENCORE ET TOUJOURS
REFERENCE : Ernstberger et al. Theriogenology 2019, 138, 127-136.
Une fois encore, il n'est pas inutile de rappeler qu'une endométrite clinique se définit par la présence d'un écoulement muco-purulent à purulent sans symptômes généraux au-delà du 21ème jour du postpartum. Sa fréquence est comprise entre 14 et 42 %. Son diagnostic a recours à diverses méthodes dont la palpation, la vaginoscopie, le metricheck ou encore l'exploration vaginale au moyen d'une main gantée. Ses effets négatifs sur la fertilité sont largement reconnus.
Les auteurs se sont posé la question de savoir s'il était possible de pronostiquer la fertilité d'un animal atteint sur base d'informations cliniques et d'anamnèse.
CONTEXTE
Cette étude suisse concerne 286 vaches laitières atteintes d'endométrites cliniques de 28 élevages comprenant 28 à 104 vaches laitières (PL médiane 8000 kg).
Chaque vache a été l'objet d'un double examen vaginal au moyen du Metricheck et d'un vaginoscope 22 à 45 jours après le vêlage. Trois scores d'endométrites ont été distingués : 1 si présence de flocons de pus, 2 si écoulement mucopurulent (< 50 % de pus) et 3 si écoulement purulent cad > 50 % de pus. Lors de ce premier contrôle, l'examen clinique se complètera d'un examen échographique du tractus génital et d'un prélèvement au moyen d'une cytobrosse en vue d'une analyse bactériologique. Chaque vache fut l'objet d'un second examen entre le 43ème et le 66ème jour postpartum et d'examens ultérieurs jusqu'à la disparition des signes d'endométrites.
Les informations suivantes furent également collectées : race, saison du vêlage, complications obstétricales (rétention, metrite, NL, production laitière lors du contrôle, mammite, boiterie, présence d'un écoulement vaginal anormal entre le 14ème et le 22ème jour du PP).
RESULTATS
La prévalence des endométrites cliniques 22 à 45 jours PP fut de 28 % (parmi l'ensemble des 1386 vaches examinées). La prévalence des divers types d'endométrites fut respectivement de 35 % (score 1), 39 % (score 2) et 26 % (score 3).
La prévalence des endométrites lors du second contrôle (43 à 66 jours) fut de 47 % et celle des endométrites de 1, 2ème et 3ème degré de respectivement 30, 9 et 8 %.
L'intervalle médian entre le vêlage et la 1ère IA et l'insémination fécondante fut respectivement de 80 et de 107 jours. Le % de gestation moyen en 1ère insémination fut de 36 %. Respectivement 35,58 et 69 % des 286 vaches avec endométrite suivies durant 200 jours furent gestantes au cours des 100, 150 et 200 jours postpartum. 24 % des aches furent réformées pour diverses raisons (infertilité, mammite, boiterie).
QUE NOUS A APPRIS CETTE ETUDE ?
Le PREMIER INTERET de cette étude est qu'elle permet de répondre à la question de savoir si les divers paramètres d'anamnèse et d'examen clinique utilisés s'accompagnent d'un type d'endométrite significativement différent lors d'un diagnostic posé entre 22 et 45 jours. Le tableau ci-dessous se lit de manière horizontale au sens ou le % renseigné pour chaque cas d'endométrite est significativement différent s'il se trouve dans une case de couleur différente.
Ainsi la fréquence de 46 % des endométrites de degré 2 est chez les primipares significativement plus fréquente que celle des endométrites de degré 1 ou 3. Un score corporel < 2.5 ne s'accompagne d'aucune différence de la fréquence du type d'endométrites. En l'absence de corps jaune, l'endométrite de degré 3 est moins fréquente que les deux autres. L'identification d'une odeur fétide renseigne sur la présence d'une endométrite de degrés 2 ou 3. De même l'identification de Trueperella est plus souvent observée en cas d'endométrite de degré 3. Il est par contre surprenant de constater que l'identification échographique d'un contenu utérin de diamètre > 1 mm est moins souvent observée dans l'endométrite de degré 3.
Le SECOND INTERET de cette étude est de se rendre compte que pour une endométrite d'un degré donné, l'influence du paramètre peut être différente. L'analyse du tableau ci-dessous en suppose une lecture verticale pour un paramètre donné. Les % renseignés sont significativement différents (P<0.01) si leur case est de couleur différente.
Ainsi une endométrite de degré 1 est plus souvent observée (40 %) en l'absence de rétention placentaire ou de métrite que si ces pathologies ont été manifestées par l'animal (26 %). De même, la probabilité de diagnostiquer une endométrite de degré 3 est significativement plus élevée quand un écoulement vaginal purulent est observée au cours de la 3ème semaine du PP (41 % vs 21 %), quand un corps jaune est présent (35 vs 22 %), quand l'utérus n'est pas entièrement palpable (39 vs 19 ou 23 %), quand une odeur fétide est perçue (64 vs 14 %), quand le diamètre du col est ≥ 5 cm (33 vs 19 %) et quand l'examen bactériologique a identifié Trueperella (53 vs 15 %).
Le TROISIEME INTERET de cette étude est de décrire le contenu bactériologique des vaches atteintes d'endométrites en fonction de leur degré. Trois germes ont été isolés en culture pure à savoir E Coli, Trueperella et Serratia. On observe également que plusieurs germes sont le plus souvent isolés. Trueperella constitue un facteur de risque majeur d'identifier une endométrite clinique de degré 3.
Le QUATRIEME INTERET de cette étude est d'avoir estimé au travers de divers modèles statistiques la prédiction d'obtention d'une gestation au cours des 100, 150 et 200 jours du postpartum chez des vaches atteintes d'endométrites cliniques identifiées par l'utilisation combinée du Metricheck, de la vaginoscopie et de l'échographie. Les différents modèles utilisés confirment que
- le diamètre du col, l'identification par échographie d'un contenu utérin anormal ou d'une fluctuation utérine par palpation manuelle, la présence ou non d'un corps jaune ne constituent pas des facteurs de prédiction d'obtention d'une gestation au cours des trois délais considérés.
- à l'inverse, la manifestation par l'animal d'un écoulement purulent entre le 14ème et le 22ème jour du postpartum (PP), l'identification de Trueperella pyogenes entre le 22ème et le 45ème jour du PP, la production laitière (> 43 kg) ou la manifestation d'une endométrite clinique entre le 43ème et le 66ème jour du PP constituent des facteurs qui réduisent la probabilité d'obtention d'une gestation au cours des périodes considérées.


