Point technique sur l’utilisation de la betterave dans l’alimentation des bovins

En décembre 2022, une partie de notre équipe s’est rendue deux jours au Danemark. Au programme, la découverte de la betterave dans l’alimentation des ruminants grâce à l’International Beet Feeding Seminar organisé par KWS.

Le premier jour nous avons visité une ferme laitière complémentant les vaches à la betterave Feedbeet ensilée, la nouvelle betterave à haute teneur en matière sèche proposée par KWS pour l’alimentation animale. Cette visite nous a apporté l’avis et les conseils d’un éleveur sur le terrain. Sur sa ferme, après récolte, les betteraves sont nettoyées pour retirer la terre et stockées en hangars où elles peuvent commencer à sécher. Elles sont ensuite ensilées en couche (hachées en petits morceaux) au-dessus du silo d’herbe, ce qui permet d’une part une meilleure conservation qu’en frais et d’autre part d’avoir un produit disponible toute l’année. Un avantage pour cet éleveur est la diminution d’achats de concentrés énergétiques et donc une meilleure autonomie en produisant les betteraves sur sa ferme.

Le deuxième jour, nous avons rencontré différents intervenants internationaux (conseillers, vétérinaires, chercheurs,…) lors du séminaire international. Les présentations et les échanges ont été très riches et nous ont permis d’avoir une vue d’ensemble de l’utilisation de la betterave fourragère, sucrière, ou Feedbeet (fourragère à haute teneur en MS) en alimentation animale et sur ses avantages et ses inconvénients, avec des exemples sur différents continents.

À la suite de la visite et au séminaire, voici nos recommandations pour l’utilisation de la betterave dans l’alimentation des bovins en Belgique :
La betterave (fourragère, sucrière ou Feedbeet haute MS) dans l’alimentation des bovins:
Avantages
  • Peu d’encombrement, très digestible (faible teneur en cellulose <5% MS) et appétente (1 kg de MS donné = réellement 1 kg de MS en plus)
  • Bonne valeur nutritionnelle, énergétique par les sucres fermentescibles (50-70% + pectines). 1100-1200 VEM (1.1 UFL) /kg MS
  • Peut remplacer une partie des concentrés énergétiques (grâce au faible encombrement et à la bonne valeur nutritionnelle) : positif pour l’autonomie énergétique et la circularité (économie et environnement)
  • Sucre et pectine – moins de risque d’acidose que les céréales
  • Betteraves sucrières ou Feedbeet = teneur élevée en matière sèche
  • Rendements élevés et relativement stables (p. ex plus de 20 tonnes de MS/ha pour les Feedbeet ; Rassenoverzicht_tabel_Voederbiet_2023_FR.pdf (vlaanderen.be))
  • Souplesse pour la date de récolte car qualité peu liée au stade de récolte
  • Les feuilles peuvent être consommées, et la betterave peut être pâturée
  • Certaines variétés peuvent être utilisées pour le biogaz (ex : Feedbeet)
Points d’attention
  • Récolte : propreté pour éviter la contamination par la terre
  • Conservation de la betterave fraiche délicate (gel et pourriture) et limitée dans le temps (max 6 mois en général)
  • Nécessite d’hacher suffisamment petits sinon risque de réduction de l’ingestion et de tri de la ration (acidose de repas et ration non homogène). Pas de morceaux moyens car risque de d’étouffement par blocage.
  • Risque d’acétonémie alimentaire, dysbiose et accélération du transit si quantité trop importante dans la ration surtout s’il y a du tri
  • Quantité à adapter dans la ration = par ex 1-2 kg MS/jour dépendant des autres fourrages (sucres et transit)
  • Ne se met pas dans toutes les rations (si beaucoup d’herbe avec déjà beaucoup de sucres ou prairie) : en général max 1.5 kg sucre/jour par vache laitière adulte
  • Equipements et connaissances spécifiques pour la culture + récolte plus délicate pour les betteraves fourragères que sucrières
  • Comme pour les concentrés, assurer une transition alimentaire