QUELLE METHODE DE DIAGNOSTIC D’ENDOMETRITE CHOISIR POUR PRONOSTIQUER UNE GESTATION 100 A 200 JOURS POSTPARTUM ?

REFERENCE : Koyama et al. Optimization of diagnostic methods and criteria of endometritis for various postpartum days to evaluate infertility in dairy cows. Theriogenology 2018, 119, 225-232.

Le contexte

Par endométrite, il faut entendre une inflammation de l’endomètre plus de 21 jours après le vêlage sans manifestation de signes généraux.

Les méthodes de diagnostic sont de nature diverse : (1) la palpation manuelle pour identifier un col de diamètre > 7.5 cm, (2) l’échographie pour nconster la présence de contenus anormaux, (3) la vaginoscopique au moyen d’un vaginoscope ou d’un métricheck voire l’exploration manuelle, (4) l’identification d’une congestion cervicale et (5) l’examen cytologique.

Leur question était simple : ils ont voulu savoir la valeur pronostique de ces méthodes utilisées séparément ou de manière combinée sur la possibilité d’obtenir une gestation au cours des 100, 125, 150, 175 et 200 premiers jours suivant le vêlage.

Un seul vétérinaire a examiné 42 ± 7 jours postpartum, 465 vaches de 9 troupeaux laitiers japonais. Aucune vache présentant une endométrite n’a été traitée. La période d’attente des vaches (décidée par les éleveurs) a été comprise entre 40 et 60 jours. Dans 2 troupeaux, les IA ont été systématiquement réalisées après utilisation de protocoles hormonaux.

Les constats de gestation ont été posés sur base d’une absence de retour en chaleurs dans les 70 jours suivant la dernière insémination.

Méthodes de diagnostic et paramètres

  • Le diamètre du col a été estimé manuellement : < 5 cm, 5 à 7,4 cm et > 7,4 cm
  • La présence de liquide dans l’utérus a été évaluée par échographie : à si pas de liquide, 1 si zone hyperéchogène discontinue de < 1 mm, 2 si zone hyperéchogène continue ≥ 1 mm et 3 quantité importante de liquides hyperéchogènes.
  • Les ovaires ont fait l’objet d’un examen échographique pour identifier les follicules, corps jaunes et kystes (> 2,5 cm).
  • L’ouverture vaginale du col a été examinée au moyen d’un vaginoscope : 0 si absence de congestion, et 1 si congestion présente.
  • Les écoulements vaginaux ont été classés de la manière suivante 0 si pas d’écoulement ou écoulement muqueux, 1 si présence de floncs de pus, 2 si présence d’un écoulement mucopurulent (50/50), 3 si plus de 50 % de pus ou de pus sanguinolent et 4 si écoulement nauséabond.
  • Un comptage de 200 cellules a été réalisé sur les prélèvements réalisés au niveau de l’endomètre du corps utérin au moyen d’une cytobrosse en vue du diagnostic cytologique.

L’analyse du tableau ci-dessous présenté permet de constater d’importantes différences de prévalence des endométrites en fonction de la méthode et des paramètres retenus.

Elle serait de 86,6 % sur base d’un col de diamètre ≥ 5 cm mais de 15,6 % si la congestion du col est prise en compte. Un écoulement vaginal anormal n’a été observé que dans 14, 3 % des cas. Un contenu utérin anormal identifié par échographie s’observe dans 43,3 % des cas. Sur base du seuil de 6 % de neutrophiles, la prévalence des endométrites serait de 31,3 %.

Les données récoltées ont fait l’objet de nombreuses analyses. Nous n’en rapporterons que les plus significatives.

Les différentes méthodes évaluées sont bien davantage spécifiques que sensibles. Elles permettent donc bien davantage d’identifier les vaches qui ne seront pas gestantes que celles qui le seront gestantes. Cette observation est attenue compteb tenu de la multiplicité des facteurs d’infertilité et d’infécondité. Les causes ne sont pas spécifiquement liées à un état inflammatoire de l’utérus. Indirectement elles permettent donc d’identifier les vaches susceptibles de faire l’objet d’un traitement. Ainsi, les diagnostics d’endométrite (clinique ou subclinique) posés sur base de l’identification d’un % en neutrophiles > à 5 %, d’un contenu utérin échogène (Score 2 ou 3) et d’un écoulement vaginal, renfermant plus de 50 % de pus ou nauséabond (Score 3 et 4) seraient les plus performants pour hypothéquer la possibilité d’une gestation en-déans les 100 voire 125 jours du postpartum.

Moralité

  • Le travail réalisé nous invite à mieux prendre en considération le choix d’une méthode de diagnostic des endométrites et les critères qui lui sont associés. Il en va de la précision de la prévalence calculée au niveau d’un troupeau et de l’identification plus spécifiques des vaches susceptibles de faire l’objet d’un traitement.
  • La cytologie s’avère très interéssante mais sa mise en pratique est relativement lourde.
  • La vaginoscopie garde toute sa valeur surtout si on peut l’accompagner d’un examen échographique des cornes utérines en l’absence d’écoulements.
  • La palpation d’un col de diamètre augmenté doit nous inviter à compléter cet examen par une vaginoscopie.
  • Et surtout cerise sur le gâteau : plus que jamais il est indispensable de procéder au contrôle d’involution utérine de toutes les vaches du troupeau.