Un veau laitier sur deux présente une pathologie avant le sevrage.

REFERENCE : Dachrodt L. et al. Prevalence of disorders in preweaned dairy calves from 731 dairies in Germany: A cross-sectional study. J. Dairy Sci. 2021, 104 https://doi.org/10.3168/jds.2021-20283

Les pathologies neonatales constituent un des principaux motifs de consultation en médecine bovine. Leur importance à court (douleur, mortalité), moyen (retard de croissance, frais vétérinaires) et long terme (infécondité, réduction de la production laitière, réforme prématurée) a été démontrée.  L’élevage laitier allemand (62.813 fermes et 4.1 million de vaches laitières) s’organise de manière relativement contrastée : des fermes de taille moyenne (100 vaches laitières) dans le Nord, de grandes fermes (200 vaches) à l’Est et de petites fermes dans le Sud (40 vaches).

L’étude se propose de quantifier sur base d’examens cliniques (auscultation pulmonaire bilatérale, examen de l’ombilic, examen des matières fécales, examen des membres, prise de température rectale) la prévalence des pathologies des veaux avant le sevrage  (âge médian 37 jours : 0 à 90 jours) mais aussi ses facteurs d’influence comme le type d’élevage, le sexe du veau, la saison.  Elle concerne 14.164 veaux (76,8 % de veaux femelles dont 73,7 % sont de race Holstein) de 731 élevages. Les examens ont été réalisés par 20 vétérinaires qui ont bénéficié avant l’étude d’un entrainement spécifique.

QUELQUES RESULTATS

Les prévalences sont présentées dans le tableau annexé.

Les anomalies du cordon (épaississement, suintement, douleur, inflammation) (21.1 %), les diarrhées (19.5 %) et les pathologies respiratoires (8 .1 %) sont par ordre décroissant les pathologies les plus fréquentes. Leur prévalence présente dans la majorité des cas une différence significative selon la région et donc le type d’élevage. Une multimorbidité s’observe plus fréquemment en cas de diarrhée (5.8 %) ou d’anomalies du cordon (6.0 %) que lors de problèmes respiratoires (2.5 %) ou de boiteries (0.4 %).

Les veaux mâles sont plus sujets aux pathologies que les veaux femelles.

La saison exerce un effet significatif sur prévalence des pathologies.

Les diarrhées, anomalies du cordon et de multimorbidité s’observent plus fréquemment au cours des 14 premiers jours de vie et leur prévalence diminue réguièrement par la suite (Voir Figure).

UN PEU DE DISCUSSION

La prévalence des pathologies respiratoires est moindre que celles rapportées par d’autres publications et comprises entre 6.9 et 17 %. On peut y voir bien entendu les effets des conditions d’élevage et de prévention mais aussi les critères cliniques d’identification d’une pathologie notamment respiratoire. Ainsi et pour exemple, combiner la fièvre et l’un ou l’autre symptôme respiratoire contribue à augmenter la spécificité du diagnostic. Des scores (Wisconsin ou California scores) ont été définis pour aider les éleveurs. Les examens échographiques pulmonaires pourraient s’envisager mais impliquent un investissement et de l’expérience. L’augmentation des pathologies respiratoires avec l’âge devrait nous interpeller.

Des prévalences de diarrhée comprises entre 13.7 et 23.0 %  ont été rapportées par différentes études.  Il est évident que ces différences peuvent refléter celles rencontrées en ce qui concerne et notamment la gestion colostrale. Il en est de même en ce qui concerne l’effet de la saison sur les problèmes respiratoires, ceux-ci étant lié avec la ventilation et la charge bactérienne de l’environnement.

Selon les études, la prévalence des omphalites est comprise entre 34.2 et 42.2 %. Le temps dévolu à l’entretien des veaux n’y est pas étranger.

QUE NOUS INSPIRENT CES RESULTATS ?

Les prévalences présentées doivent nous inviter à mieux les quantifier dans nos élevages et le cas échéant à discuter avec les éleveurs les stratégies environnementales pour en réduire  l’importance.

Une fois encore, il semble indispensable de chercher à mieux caractériser les pathologies si à terme on veut constituer une base de données de la santé qui grâce aux ressources e l’intelligence artificielle (IA) devrait permettre aux praticiens de poser des diagnostics de troupeau, de mieux analyser les facteurs de risque et par conséquent de formuler des recommandations thérapeutiques curatives ou préventives plus efficaces et économiquement adaptées.