Les oubliés du stress thermique - Episode 1 : les veaux

Les bovins sont des homéothermes comme tous les mammifères. Ceci veut dire qu’ils doivent adapter leurs échanges de chaleurs (interne-externe) afin de garder leur température interne dans les normes physiologiques. Le stress thermique est le moment où la température extérieure est trop haute et que l’animal a du mal à s’adapter facilement (respiration, transpiration…) pour éviter que sa température interne augmente. Sa température augmente et le métabolisme se modifie afin de diminuer au maximum la production de chaleur et il va essayer de maximiser les échanges pour se refroidir.
Chez les ruminants, le souci est que le rumen produit énormément de chaleur par les fermentations (39.5-40°C) et son métabolisme énergétique produit également de la chaleur et ils sont beaucoup moins efficaces en transpiration que d’autres espèces comme les chevaux. Les échanges de chaleurs se font principalement par radiation et accélération de la respiration et il perd énormément d’eau.
On parle souvent des conséquences du stress thermique chez la vache laitière mais il existe d’autres catégories d’animaux dont les conséquences peuvent être sévères et à long terme.

Les veaux :

Qui est sensible ? les veaux les plus sensibles sont les veaux avant 10 jours et puis ceux entre 2-6 mois. La sensibilité est plus forte chez certaines races comme les animaux culards et les Jersey chez les laitières

À partir de quelle température ?  les veaux ont un problème de dissipation de la chaleur à partir de 25°C et surtout lorsque la Température max de la journée dépasse 29°C.

Quelles conséquences principales sur l’animal ?

  1. -23% de GQM et -20% d’efficience alimentaire avec un retard d’efficacité du rumen par la diminution d’ingestion observée.
  2. +15% de maladie respiratoire par ° de température max > 29°C. ce risque est lié à une diminution d’immunité, une augmentation de la fréquence respiratoire ainsi que des changements métaboliques. L’augmentation du taux d’ammoniac de la litière (urines plus concentrés par rétention d’eau, manque de ventilation par excès d’humidité)participe également à la fragilité pulmonaire.
  3. Par l’humidité des litières et les modifications métaboliques, il y a un risque d’augmentation du risque de parasites (cryptosporidiose, giardiose).

Quelles solutions ?

  1. EAU : A 25°C un veau avant sevrage aura besoin en plus du lait de 2.5L/j et à 30°C, 3.5L contre 1.5L à 15°C. Après sevrage, il faudra compter entre 20-25L/j s’il fait > 25°C (10-15L à 20°C). L’eau doit être propre et à une température idéale de 16-20°C.
  2. BATIMENT : Mise en place d’ombre efficace (pas de bâches en plastique noire….). La diminution de 2.5 °C dans l’environnement du veau lui permet de diminuer sa température interne de 0.4°C et donc diminuer les effets. la mise en place de ventilateur permet également de retrouver des croissances identiques à des périodes moins chaudes. Un ventilateur ne fait que brasser l’air et ne le renouvelle pas. Le principe est d’augmenter la vitesse de l’air mais surtout d’évacuer l’humidité du bâtiment (diminution ammoniac et poussières + mouches) d’où des ouvertures maximales s’il fait plus de 24°C dans le bâtiment
  3. LITIERE : Litière non organique ou en tout cas très sèche : le mieux en été est le sable et le pire est la paille. Il n’est pas simple d’avoir des box sur sable. Il est donc essentiel que la litière paillée ne chauffe pas (<30°C) et surtout qu’elle soit la plus sèche possible avec de diminuer les risques de problèmes respiratoires et le développement des mouches (ponte sur les veaux humides ou dans la litière humide et chaude)
  4. ALIMENTATION :

a. l’augmentation de la fréquence respiratoire augmente les besoins énergétiques de 7-11%. L’appétence du premier et deuxième âge, sa digestibilité (flocons notamment) sa présence dès les premiers jours ainsi que sa fraicheur seront indispensables pour contrer les diminutions de fermentation et d’ingestion pour le rumen.

Il ne faudra pas oublier le point 1 : l’eau sous peine d’avoir une diminution drastique (-50%) d’ingestion du concentré.

b. Les besoins étant augmentés, on pourra également augmenter la quantité (ou concentration avec une 50 minimum) en lait afin d’amener plus d’énergie dans le premier mois. Surtout ne pas diluer la poudre pour apporter plus d’eau, ce serait catastrophique car la poudre ne caillerait plus et cela provoque des diarrhées de lait et/ou des maldigestions .

c. Au moment du sevrage, il est essentiel de vérifier l’ingestion afin d’éviter les diminutions de croissance encore plus importantes.

d. Des probiotiques-prébiotiques peuvent également être ajoutés afin d’améliorer la santé du tube digestif et la digestion

e. Timing des manipulations : préférez les matins avant 10h.