Les oubliés du stress thermique - Episode 2: les vaches gestantes
Les bovins sont des homéothermes comme tous les mammifères. Ceci veut dire qu’ils doivent adapter leurs échanges de chaleurs (interne-externe) afin de garder leur température interne dans les normes physiologiques. Le stress thermique est le moment où la température extérieure est trop haute et que l’animal a du mal à s’adapter facilement (respiration, transpiration…) pour éviter que sa température interne augmente. Sa température augmente et le métabolisme se modifie afin de diminuer au maximum la production de chaleur et il va essayer de maximiser les échanges pour se refroidir.
Chez les ruminants, le souci est que le rumen produit énormément de chaleur par les fermentations (39.5-40°C) et son métabolisme énergétique produit également de la chaleur et ils sont beaucoup moins efficaces en transpiration que d’autres espèces comme les chevaux. Les échanges de chaleurs se font principalement par radiation et accélération de la respiration et il perd énormément d’eau.
On parle souvent des conséquences du stress thermique chez la vache laitière mais il existe d’autres catégories d’animaux dont les conséquences peuvent être sévères et à long terme.
LES VACHES GESTANTES AVANCEES (taries ou allaitantes) :
Les vaches gestantes de 7 mois ou plus sont déjà sensibles au stress thermique à partir de 23°C.
Les dernières études ont montré un impact double du stress thermique : l’impact direct sur la vache gestante et sa lactation suivante et l’impact indirect sur le veau.
1. Impact sur la mère : on voit qu’une vache qui est en stress thermique a une température d’environ 39.2°C l’après-midi alors que les animaux qui ont été refroidit ou ventilés dans la même étable ont une température interne de 38.5°C. 600 kg de lait la lactation suivante : Cette diminution de production est liée à la prolactine avant vêlage qui ne diminue pas correctement sur les vaches en stress thermique et par conséquent on a une diminution de la multiplication cellulaire 3 semaines avant vêlage chez les animaux en stress. La vache a donc moins de cellules au vêlage et donc moins de potentiel de production peut importe ce qu’on fait après vêlage.

2. 1 kg de matière sèche ingérée et moins d’efficacité du foieLes vaches gestantes qui subissent un stress thermique ont une diminution d’ingestion importante proportionnellement (-10%) et la gestion du stress thermique consomme également de l’énergie. Les vaches ont plus de risque de perde de l’état 1 mois avant vêlage avec les conséquences métaboliques dramatiques que cela peut entrainer surtout su vaches grasses. De plus, comme les vaches en lactation, les vaches gestantes qui subissent un stress thermique utilisent très mal les graisses mobilisées (oxidation produit de la chaleur) et gèrent donc très mal les balances énergétiques négatives avant et après vêlage avec des chutes importantes de production et des risques de réformes pour maladies métaboliques importantes (vaches qui bloquent)
3. Augmentation des risques de mammites, pneumonies et métrites.Comme chez le veau, l’humidité augmentée du bâtiment peut augmenter les risques de pneumonies autour du vêlage ou de reexcrétion des pathogènes portés. De plus on a démontré une diminution de la production des leucocytes et de l’efficacité des neutrophiles après vêlage si la vache a subit un stress thermique 1 mois avant vêlage. Le système immunitaire est plus long et moins efficace les rendant sensibles aux mammites et métrites post partum.
4. Impact sur le veau dont la mère a subit un stress pendant la fin de gestation.
- Les veaux sont plus petits (-5 kg) et plus fragiles car ils gardent un poids plus petit jusqu’à la puberté
- On observe une réduction de l’absorption des Igg du colostrum (-5-10%) avec le même colostrum.
- Ils ont leur métabolisme énergétique modifié car on subit une compétition de glucose pendant la gestation. Ceci a pour conséquence un engraissement plus rapide et donc des risque d’infertilité (+0.5 IA) et des risques de réformes avant même le 1er vêlage 18% contre 3% dans le groupe sans stress de la mère.
- Diminution de production pendant la première lactation alors que les animaux ont le même poids une fois vêlées : -200 kg lait.
5. Que faire ?
- Bâtiment : des études ont calculé que sur une troupeau de 100 vaches, le retour sur investissement de ventilateurs se fait en 15-18 mois avec les impact positifs sur la santé et la production. Les règles sur la litière reste les même que pour les veaux. Il faut éviter l’humidité et la chaleur (mouches, bactéries, stress thermique, ammoniac). L’hygiène sera primordiale ainsi que l’utilisation de bouchons de silicone pour diminuer les infections pendant le tarissement.
- Prairie : de l’ombre est indispensable
- Eau : une vache double sa quantité d’eau si la température extérieure dépasse les 25°C. cela veut dire environ 45L d’eau par jour en prairie et 70-100L à l’intérieur en fonction de la matière sèche de la ration
Alimentation : la ration close-up doit être assez riche et surtout en amidon fermentescible et l’apport de glycérol peut aider afin de contrer la surconsommation du glucose et la compétition avec le veau et le renouvellement de la mamelle en cas de chaleur. Il faut garder de la structure car il y a diminution de rumination en cas de chaleur mais le plus grave serait d’avoir une balance énergétique négative avant vêlage. Le support du foie est essentiel afin de limiter les risques de lipidose hépatique et apporter les vitamine B, la méthionine essentielles à la néoglucogenèse. Enfin la protéine doit être équilibrée et un ajout de vitamine et d’oligos-éléments chélatés peut aider à la synthèse d’anti-oxidant ainsi que d’être sûr de la qualité du colostrum.
