L’hCG : UN TRAITEMENT QUI N’INDUIT PAS AUTOMATIQUEMENT UNE MEILLEURE FERTILITE CHEZ LES GENISSES LAITIERES

REFERENCE : Niles et al. Effect of treatment with human chorionic gonadotropin 7 days after artificial insemination or at the time of embryo transfer on reproductive outcomes in nulliparous Holstein heifers. J. Dairy Sci. 2019,102:2593–2606.

PREQUIS

La progestérone est un élément indispensable à l’établissement d’une gestation puiqu’elle induit une synthèse plus précoce et plus élevée par l’embryon d’interféron tau, facteur qui inhibe la synthèse de la PGF2α et donc la lutéolyse.

L’injection d’hCG 4, 5, 6,7 ou 14 jours après une insémination induit une concentration plus élevée en progestérone mais ne s’accompagne pas systématiquement d’une augmentation du pourcentage de gestation. Les multiples études sur le sujet rapportent des résultats contradictoires. Cette augmentation de la progestéronémie résulte d’une lutéinisation accrue du corps jaune présent mais également de l’ovulation/lutéinisation du follicule dominant de la première vague de croissance folliculaire (formation d’un corps jaune accessoire dans 83 à 100 % des cas).

Les auteurs de l’étude ont voulu tester les effets d’une injection de 2000 UI d’hCG, hormone qui a 80 % d’homologie avec la LH) réalisée 7 jours après une insémination ou au moment du transfert d’un embryon. Ce délai de 7 jours a été adopté pour permettre à l’hCG d’agir sur un follicule dominant de la première vague, plus développé. Ils ont pour ce faire analyser les concentrations en progestérone, en PAG (protéine associée à la gestation) et en ISG15, le gène responsable de la synthèse d’interféron.

LEURS OBSERVATIONS

  • L’hCG induit une augmentation significative de la progestérone 7 et 18 à 67 jours après l’insémination/transfert d’un embryon. Cependant, cette augmentation ne s’accompagne d’aucune différence significative du % de gestation après une insémination ou un transfert d’embryon entre les génisses traitées et non traitées.
  • L’hCG n’a aucun effet sur les concentrations du gène codant pour la synthèse de l’interféron ou sur les concentrations de la PAG (PSPB).
  • L’injection d’hCG n’entraîne aucune différence du % de pertes d’embryon entre le 32ème et le 67ème jour de gestation.

DISCUSSION

L’absence d’effet systématiquement positif lié à une injection d’hCG sur la fertilité laisse supposer la complexité de cet effet. Deux publications viennent à l’appui de cette proposition.

La première (Zolini et al. J. Dairy Sci. 2019, 102:846–856) a démontré que les effets de l’hCG pouvait dépendre du génotype de l’animal. On parle de médecine « personnalisée ». Cela implique que les génotypes des animaux concernés par l’un ou l’autre traitement (hCG, GnRH ou progestérone) soient préalablement déterminés par l’analyse de leur SNP (pour single nucleotide polymorphism). Ces SNP , correspondent à des variations mineures dugénome au sein d’une population. Un seul nucléotide (l’unité de construction des acides nucléiques AND et ARN, à l’origine de la synthèse des protéines et des enzymes), est modifié au niveau d’une seule paire de bases. Pour être identifié dans une population, il faut que cette variation apparaisse dans une proportion supérieure à 1%. Les auteurs de l’étude ont observé des différences en fonction du génotype (homozygotie ou hétérozygotie de 4 SNP impliqués dans la fertilité) de l’effet d’une injection de 3300 UI d’hCG au 5ème jour suivant l’insémination. Ils ont également constaté que ce traiktement était plus efficace chez les primipares que les pluripares.

La seconde publication (Miura et al. J. Reprod. Dev. 2018, 64: 485–488) observe qu’une injection de 1500 UI d’hCG à des vaches laitières au 5ème jour suivant l’insémination n’augmentait significativement la fertilité que si le follicule dominant de la première vague de croissance folliculaire se trouvait sur le même ovaire que le corps jaune en développement. L’hCG injecté pourrait avoir réduit la synthèse d’oestradiol par le follicule dominant dont on sait l’effet négatif qu’il pourrait exercer sur l’oviducte et la corne utérine ipsilatérale.

MORALITE

Plus que jamais, il semble bien que le traitement hormonal de l’infertilité ne constitue pas une panacée et que la décision thérapeutique doive être envisagée sur une base individuelle. Le géntotypage mais plus pratiquement l’examen échographique des ovaires avant l’injection d’hCG peut être de nature à en augmenter l’efficacité.